(B2) C’est devenu le leitmotiv des dirigeants français : l’Europe de la défense, « a fait plus de progrès en un an qu’en 60 ans » ont précisé tour à tour Nathalie Loiseau (ministre déléguée aux Affaires européennes) que Florence Parly (ministre française des Armées). Est-ce exact ? Pas vraiment
Une révolution en un an ?
Certes on avance, mais ce n’est pas depuis un an (NB : de façon subliminale, un délai qui correspond à l’arrivée de l’équipe Macron au pouvoir…) C’est depuis trois-quatre ans en fait. L’arrivée de la Commission Juncker a, d’une part, donné une impulsion indéniable aux questions de défense. Elle a ensuite permis de poser une série de projets sur la table, plutôt ambitieux, qui brisent certains tabous (notamment financiers). Le tout sous une pression extérieure et intérieure, et grâce à un certain consensus qui existe désormais au sein de plusieurs États membres comme des institutions européennes (lire : Europe de la défense. Un quintet à l’action).
En soixante ans ?
Des avancées, l’Europe de la Défense en a connu de façon sporadique, à plusieurs reprises, tels des poussées de fièvre. Pour prendre les plus récentes, on peut en cerner trois vagues principales : premièrement, au début des années 1990 avec le traité de Maastricht et la renaissance de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), qui devait être l’embryon de l’Europe de la Défense. L’espoir a été vite déçu. Deuxièmement, au début des années 2000 notamment, l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam, la nomination d’un premier Haut représentant chargé de la politique étrangère et de sécurité, la mise en place d’une série d’outils au plan politique (COPS) comme militaire (l’état-major de l’UE, l’agence européenne de défense, etc.) et le lancement d’une série d’opérations et missions de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense) signe une montée en puissance de cette politique. A fin des années 2000 (2007-2009), l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la mise en place de normes pour le marché intérieur de la défense, la création du Service diplomatique européen (ou service européen pour l’action extérieure), une forte poussée de missions et d’opérations extérieures menées au titre de la PSDC (politique européenne de sécurité et de défense commune). C’est cette mémoire historique qui doit rendre ‘prudent’ face aux enthousiasmes du moment.
Le mouvement est-il terminé ?
Non. Et il ne sera pas vraiment dans un ou deux mois. Les projets les plus ambitieux, comme le fonds européen de défense, n’est pas encore approuvé définitivement. Et son montant n’est pas encore avalisé. Il le sera d’ici fin 2019 (version optimiste) ou 2020 (version réaliste). Il ne produira pas de résultats avant 2024. Quant à la coopération structurée permanente, elle n’a pas encore produit ses premiers résultats. La plupart des autres avancées sont très progressives et fixent des horizons de 2020, 2023, 2025 pour être réalisés.
Ce qui a changé
Ce qui a changé depuis un an est une position française plus affirmée, moins pusillanime, manifestant de retrouver un rôle central sur les questions de défense. Ce n’est pas entièrement nouveau. On avait eu un rôle semblable lors de la présidence française de l’UE, sous Nicolas Sarkozy (dans la première partie de son mandat). Mais c’est indéniable, la France retrouve désormais toute sa place à la table européenne, amenant des initiatives et des idées pour pousser l’Europe de la défense.
La formule ‘plus d’avancées en un an qu’en 60’ pêche non seulement par un ‘léger’ surcroit d’optimisme, mais elle est fausse historiquement et concrètement. C’est davantage un slogan électoral qu’une réalité politique. Elle est dangereuse car elle fait naitre des espoirs, assez vite douchés, quand on explique la réalité. Elle a un avantage : mettre la lumière sur une réalité, il y a des avancées.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Un nouveau module de formation des garde-côtes et marins libyens a débuté lundi dernier (12 novembre). Ce « cours de base pour les plongeurs de navires» a été lancé au Centre de formation de la marine croate à Split (Croatie).
(crédit : EUNAVFOR Med)
Cinq stagiaires
Les cinq stagiaires ont été sélectionnés par les autorités libyennes compétentes et soumis à un processus de validation approfondi mené à différentes étapes par EUNAVFOR Med, les agences de sécurité des États membres de l’UE participant à l’Opération et des organisations internationales.
Cinq semaines
Le cours, organisé par la marine croate, durera cinq semaines. Il fournira des connaissances et une formation en procédures de plongée, en particulier en techniques connexes et en leçons axées sur les droits de l’homme, les premiers soins de base et la politique en matière d’égalité des sexes. La fin du cours est prévue pour le 14 décembre 2018.
NB : Avec cet effectif, le seuil de plus de 300 membres du personnel des gardes-côtes et de la marine libyens formés par l’opération européenne EUNAVFOR Med sera atteint, indique le QG de l’opération.
(NGV)
Poursuivant ma collection d'atlas, je chronique celui-ci, publié au Rocher par Bernard Lugan. L'homme est controversé : rejeté par l’université française, il connaît par ailleurs un beau succès auprès d'un public fidèle. Il faut lui reconnaître une très profonde connaissance de l'Afrique, notamment de son histoire. De ce point de vue, ce dernier ouvrage rejoint une bibliothèque qui n'est pas très fournie. Nous pensons bien sûr à l'incontournable "atlas des peuples d'Afrique" de Jean Sellier (ici), mais aussi "L'atlas histoire de l'Afrique" de Jean Jolly (ici).
Cet ouvrage nous semble la 2ème édition d'un premier atlas, paru en 2001, déjà au Rocher. Mais alors, le livre ne comptait que 263 pages quand cette édition ci en offre 423. Curieusement, cette caractéristique n'est pas mentionnée : il est probable que l'auteur a refait toute la cartographie, ceci expliquant cela.
L'ouvrage est divisé en sept périodes : La terre et les hommes, Des origines à la conquête arabo-musulmane, De la conquête arabe à la découverte portugaise, De la découverte portugaise à la veille de la colonisation, La période coloniale, La décolonisation, La période contemporaine. S'y ajoutent une longue bibliographie d'une vingtaine de page et un index d'une dizaine de pages.
Chaque sujet fait l'objet d"une double page, avec texte à gauche et carte à droite : cette organisation très simple et très claire permet un maniement facile.
Les cartes sont simples et peu évoluées. On sent bien qu'elles ne sont pas l’œuvre d'un cartographe mais qu'il s'agit des conceptions de l'auteur. Elles rendent toutefois le service que 'lon en attend, celui d'informer en plaçant sur une représentation graphique les principaux lieux géographiques. Cette rusticité est le prix à payer pour un ouvrage exhaustif et au prix modéré (25,9 €). Mais c'est aussi la principale faiblesse du livre, il faut la mentionner.
Pour le reste, voici un ouvrage qui donne une foule de renseignements qu'on aurait certes pu obtenir par d'autres médias, livres ou sites. L’avantage, c'est que tout est là sous la main et permet d'entrer rapidement dans une sujet, qu'il s'agisse de l'empire du Ghana, de l'islamisation de la vallée du Nil ou de la maîtrise de l'atlas.
Un ouvrage de fond de bibliothèque
Atlas historique de l'Afrique, des origines à nos jours, B. Lugan, Éditions du Rocher, 423 p, 25,9 €.
O. Kempf
(B2) L’état-major des armées a confirmé samedi dans la nuit le crash d’un des drones français de surveillance (de fabrication US) opérés par les Français au Niger.
« Le 17 novembre, vers 1 heure du matin, heure de Paris, le contact a été perdu entre la base aérienne de Niamey et un drone Reaper de la force Barkhane qui rentrait de mission. Le drone s’est écrasé dans une zone désertique à quelques kilomètres de la piste, sans faire aucune victime » indique le communiqué.
Un drone Reaper au Niger (crédit : DICOD / EMA 2015)
« Les raisons exactes de cet accident ne sont pas connues. Une enquête pour en déterminer les causes est ouverte. » On peut noter qu’il s’agit du premier accident d’un drone Reaper français, depuis leur mise en service en janvier 2014 dans l’armée de l’air et au Sahel. « Les drones Reaper ont effectué plus de 23 000 heures de vol depuis leur mise en service opérationnel. »
NB : le crash de ce type d’engin MQ9 (version A Reaper ou B Predator) n’est pas rare. Les Britanniques avaient perdu un de leurs premiers Reaper en Afghanistan en 2008. Les États-Unis en ont perdu deux sur leur base des Seychelles, coup sur coup en 2011 et 2012, et deux autres en Afghanistan en 2015 et 2016. Un avait été détruit dans le nord Syrie lors d’une mission en juillet 2016 puis détruit au sol pour éviter toute réutilisation (lire ici).
(NGV)
Livre après livre, Horacio Castellanos Moya, qui enseigne aujourd'hui aux États-Unis, après avoir connu l'exil au Mexique, en Espagne…, construit son univers romanesque aux personnages récurrents, façonnés par la puissance mortifère de la guerre civile (1979-1992) du Salvador, son pays d'origine . Mais pour la première fois dans leur vie de papier, deux de ses héros franchissent le Rio Grande et leur géniteur expose la vie de ses créatures aux aléas d'une existence quotidienne aux États-Unis. On retrouve (...)
- Contrebande / Littérature, Salvador, Criminalité, Drogue, Insécurité, Surveillance, États-UnisVous êtes journaliste et avez publié un sujet sur l’Europe en 2018 ? Vous êtes en école de journalisme et avez un projet de groupe sur les élections européennes ? Participez au prix Louise Weiss 2018 du journalisme européen !
Organisé par l’Association des journalistes européens (AJE) et soutenu par le ministère des Affaires européennes et la Fondation Hippocrène, le prix Louise Weiss ouvre sa treizième édition.
Décerné par un jury de journalistes, il récompense des articles qui ont traité de l’actualité européenne et ont paru entre le 1er janvier et le 24 décembre 2018.
Trois catégories sont ouvertes :
A noter : en cette année d’élections européennes, la section française de l’Association des journalistes européens tient à sensibiliser les futurs journalistes aux enjeux européens. Il a ainsi été décidé de créer un prix spécial écoles de journalisme.
Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 24 décembre 2018, à minuit.
Toutes les infos ici
The European Intervention Initiative (Initiative européenne d'intervention, EI2/IEI) was first proposed by French President Emmanuel Macron in his Sorbonne keynote in September 2017 and nine members signed a Letter of Intent (LoI) to begin work on 25 June 2018. France's motivation to establish this, and other European military projects, is to support its operations in the Sahel which it is struggling to maintain alone.
The ultimate aim of the EI2 is a shared strategic culture that would enhance the ability of its members to act together on missions as part of NATO, the EU, UN or other ad-hoc coalitions. The project is intented to be resource neutral and makes use of existing assets and other joint forces available to members. EI2 seeks for enhanced interaction on intelligence sharing, scenario planning, support operations and doctrine.
Launch
The starting point of the EI2 is the speech on Europe delivered on September 26, 2017 at the Sorbonne by President Macron during which in the field of defense, he "proposes now to try to build this culture. in common, by proposing a European intervention initiative aimed at developing this shared strategic culture. [...] At the beginning of the next decade, Europe will have to have a common intervention force, a common defense budget and a common doctrine to act ". The French will was to constitute a "hard core" ready to act very quickly in case of need as was the case in Mali where France mounted Operation Serval. in a few days. Not all IEI Member States will necessarily participate in each operation.
It is not a matter of creating a new rapid response force prepositioned as it already exists in the framework of NATO (with the NRF) or the CSDP (with the Battlegroups), or bilaterally for example between France and the United Kingdom (with CJEF (in). The means provided will be composed to specifically meet the needs of a crisis.
According to the LoI, the initiative will focus on enhanced interaction in four key areas: strategic foresight and intelligence sharing, scenario development and planning, operations support, and fourth. feedback and doctrine. To this end, the armed forces of the signatory countries will notably carry out exchanges of officers, joint exercises of anticipation and planning, the sharing of doctrines and the writing of joint scenarios of intervention.
The French Armed Forces Staff is responsible for organizing the effective launch of the IEI by holding the first Military European Strategic Talks (MEST) and developing a Memorandum of Understanding (MoU) here the end of the year 2018.
Ambitions
France's long-term ambition is to create a "common strategic culture". The French Minister of the Armed Forces, Florence Parly, specifies that it is about "developing between countries at the same time militarily capable and politically voluntary" habits "to work together, to be able to prepare, if necessary to be in capacity to intervene, where they decide, at the moment of their decision, on extremely varied scenarios ". German Federal Defense Minister Ursula von der Leyen adds that "the aim is to create a forum, with like-minded states, who will analyze situations, who will have discussions early, when crises will manifest themselves in a region, and which, together, will be able to develop a political will".
Participating States
The signatory states on June 25, 2018 of the letter of intent are Belgium, Denmark, Germany, Estonia, France, the Netherlands, Portugal, Spain and the United Kingdom. Germany is initially reluctant for fear that this new initiative will weaken those taken since 2016 under the CSDP (notably the European Defense Action Plan and Permanent Structured Cooperation). The meeting of the Franco-German Council of Ministers on 19 June at Meseberg Castle, near Berlin, offers a positive response.
Italy participated in the preparatory meetings but the new government formed on 1 June 2018 asked for a reflection period. The participation of the United Kingdom, in the process of withdrawal from the European Union, illustrates the willingness of the British to remain leading partners in European security. Their participation, like that of Danes who are not part of the CSDP, is made possible by the fact that the EI2 is outside the institutional framework of the European Union. Finland confirmed, during the visit of French President Emmanuel Macron in Helsinki on 30 August 2018, its decision taken a few days earlier to join the European intervention initiative and its accession was validated on 7 November 2018 by the nine defense ministers of IEI member countries.
Relationship with PeSCo
The EI2 is the creation of a set of European states as prerequisites for joint operational commitments in various predefined military intervention scenarios. EI2 operationally complements Permanent Structured Cooperation (CSP or PeSCo) focused on the capability area. Based on Article 42.6 and Protocol 10 of the Treaty on European Union, PeSCp was introduced by the Treaty of Lisbon in 2009, and first initiated in 2017.
EI2 seeks some synergies with the Permanent Structured Cooperation (PESCO) that has newly been established within the European Union's (EU) Common Security and Defence Policy (CSDP), and PESCO projects are intended to be integrated into the EI2 where feasible. France's concern is that developing the EI2 within PESCO would result in lengthy decision times or watered down ambition. This led to some tensions regarding the project between France and Germany, with the latter concerned that it would harm the EU's political cohesion. Including the EI2 within PESCO is also seen as problematic as it prevents the participation of the UK and Denmark.
The minimum number of participating states for cooperation under PESCO, according to the Lisbon Treaty, is nine. As the IEI does not fit within the institutional framework of the CSDP the number of participants is not limited.
Comments
NATO does not need such a structure anymore. Moreover it is very anacronistic at the moment or by the BREXIT one of the most powerful European armies will leave the Union. The participation of states, member of the EU but not member of the CSDP (Denmark) shows how this initiative can be considered serious.
The need for the establishment of the EI2 is highly questionable. One more idea of the political leaders (especially French) who instead of realizing and ensuring the conditions sine qua non of the programs already launched, the strengthening and modernization of the army. Everyone tinkers with his own new initiative, promises roaring never or little done. Why the battle groups do not work have never engaged? Instead of meeting this challenge rather another program with very nebulous goals, confused with lots of bullshits.
"A common doctrine to act" should be preceded by a "common strategy", but that of the EU is far from being a real strategy.