(B2) Le nouvel avion de chasse de la marine britannique, le F-35 de fabrication américaine, a réussi un atterrissage sur le pont du nouveau porte-avions de la marine britannique, le HMS Queen Elizabeth.
Le commandant de la Royal Navy, Nathan Grey, et le chef de l’escadron de la RAF, Andy Edgell, ont en effet été les premiers pilotes à poser (à apponter) leurs avions de chasse F-35 B (1) sur le nouveau porte-avions de la marine britannique et à en décoller mardi dernier (25 septembre). C’est le début d’une série de quelque 500 essais qui vont se dérouler au large de la côte est des États-Unis, durant environ 11 semaines, a indiqué la Royal Navy sur son site vendredi (28 septembre). Le porte-avions devrait ensuite se rendre à New York.
Andy Edgell fait un atterrissage vertical à bord d’un F-35B Lightning II sur le HMS Queen Elizabeth (credit Royal Navy UK – LPhot Kyle Heller)Un évènement historique
Le ministre de la Défense britannique Gavin Williamson n’a pas eu de mots assez mirifiques pour célébrer ce qui constitue à ses yeux un évènement historique propre à rehausser la grandeur de la Grande-Bretagne.
« Le premier atterrissage historique sur le pont du HMS Queen Elizabeth est un moment monumental dans la fière histoire militaire de notre pays. Le plus grand navire de guerre de l’histoire britannique s’associe aux avions de combat les plus avancés de la planète. Cela marque une renaissance de notre pouvoir de frapper de manière décisive des mers du monde entier.»
NB : C’est à se demander ce qu’est un évènement historique ou si les doutes sur le F-35 et la puissance militaire britannique étaient tombés à un tel niveau qu’il fallait user de mots aussi grandiloquents pour célébrer l’évènement.
Grosse semaine pour le F-35
En tout cas, une semaine forte en émotions pour le nouvel avion de combat américain. Jeudi dernier (27 septembre), un F35-B a accompli sa première mission opérationnelle en Afghanistan. Le lendemain, vendredi (28 septembre), un appareil du même type s’est écrasé au sol en Caroline du Sud, lors d’un entraînement, sans faire de victime. Le pilote a pu s’éjecter à temps et est indemne.
(Nicolas Gros-Verheyde avec Romain Mielcarek)
(1) La version « B » du F-35 choisie par la Royal Navy (et les Marines américains) se caractérise par un décollage court et un atterrissage vertical, qui lui permettent notamment d’atterrir sur le pont de certains porte-avions dénués de catapultes (seuls les Américains et les Français disposent de ces dernières).
(B2) Un convoi de cinq véhicules transportant des formateurs et militaires (italiens) de la mission de formation de l’Union européenne en Somalie (EUTM Somalia) a été visé par un attentat au véhicule piégé ce lundi (1er octobre), à 12h10 heure locale, à Mogadiscio, a indiqué l’état-major de l’armée italienne.
Pas de victime parmi les EUTM
Le convoi revenait d’une activité de formation des forces de sécurité somaliennes. Un véhicule blindé léger, de type Lince (Lynx), avec quatre soldats à bord, a été atteint par les explosifs situés dans le véhicule kamikaze, mais très légèrement. « Aucun soldat italien n’a été blessé » a indiqué l’état-major de l’armée italienne. « Le véhicule a été légèrement endommagé et est retourné à la base, par ses propres moyens. » « Le véhicule a subi quelques dégâts, mais il roule encore » a confirmé à B2 une source européenne. « Il n’y a pas de morts parmi les troupes de EUTM Somalia ni de blessés » nous a-t-il été indiqué. « Aucun membre du personnel de l’EUTM Somalia n’a été blessé et le convoi est rentré sain et sauf » a confirmé peu après officiellement la mission EUTM. « Aucun coup de feu n’a été tiré par EUTM Somalia ni pendant ni après l’explosion. Malheureusement, des civils se trouvant à proximité de l’attaque feraient partie des victimes. »
Plusieurs victimes civiles
L’attentat s’est produit sur une artère majeure de la capitale somalienne, la route industrielle, non loin (environ 700 mètres) du siège du ministère de la Défense. On relève trois morts — deux civils qui étaient proches de l’explosion et l’auteur (un des auteurs ?) de l’attentat, ainsi que quatre blessés qui ont été conduits à l’hôpital, selon l’agence Reuters. La nationalité des victimes et leur fonction n’est pas connue pour l’instant. L’attentat a été revendiqué par les Al Shabab somaliens.
L’UE reste présente en Somalie
« Cela montre une fois de plus que les civils somaliens paient le prix le plus élevé de la menace terroriste dans le pays » a réagi la porte-parole de la Haute représentante lundi soir. « Cette attaque n’empêchera pas l’UE de s’engager à soutenir les autorités et le peuple somaliens dans leurs efforts pour construire un avenir plus stable et plus prospère. »
Première attaque directe contre un véhicule d’EUTM
C’est la première fois que la mission européenne en Somalie est délibérément visée par un attentat. Des membres de la mission EUCAP Somalia et EUNAVFOR Atalanta avaient été blessés lors d’un attentat visant un restaurant très fréquenté par les étrangers en mai 2014. Mais c’était à Djibouti et l’attentat visait l’ensemble de la communauté expatriée et pas directement le drapeau européen (lire ici).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour à 17h15 (détails recueillis par B2 et éléments de contexte) et 20h30 avec la réaction de la mission EUTM Mali et du porte-parole de la Haute représentante
Ce tweet en dit plus long que tous les grands discours. « L'Afrique est confrontée à deux défis majeurs : climatiques et démographiques, mais sa population et surtout sa jeunesse sont une opportunité pour son développement ». Il provient de Mabingué Ngom, économiste sénégalais et directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) pour l'Afrique de l'Ouest et centrale. Vu d'Afrique, l'enjeu de la démographie africaine, clairement, ne porte pas sur la migration. D'autant moins que les (...)
- Mots d'Afrique / Afrique, Démographie, Santé, Migrations, Société, Nations unies (ONU), FemmesVoici un petit livre de la collection Repères à La Découverte. L'auteur est une professeur de l'université de Pairs Sud et elle anime un Club sur a digitalisation avec un certain nombre de responsables d'entreprise en charge de la transformation digitale et de l'innovation. Voici donc un ouvrage qui fait l'aller-retour entre des approches théoriques et le retour des praticiens sur le terrain, ce qui constitue son principal intérêt.
A défaut de donner une définition de la Transformation digitale (ce qui est regrettable), l'introduction permet de préciser ce qu'elle n'est pas (ni une numérisation, ni même une informatisation) tout en recouvrant plusieurs champs: la notion de changement d'échelle, celle de la prédominance du client, celle de nouvelles pratiques sociales (mobilité, instantanéité, ubiquité, gratuité, personnalisation), celle de technologies "à portée de main", celle d'une "flexibilité adaptative", celle des nouvelles données, d'usages libérés mais aussi de difficultés à définir les tâches des collaborateurs, celle d'économie collaborative et donc les transformations internes de l’entreprise.
La première partie s'intéresse donc à la transformation digitale et ses enjeux, partant de l'appropriation de technologies de l'information "créatrices" pour traiter de la reconfiguration des pratiques de travail puis les mythes de la transformation digitale. Au fond, la TD remet en cause le vieux rapport entre Capital et Travail au sein de l'entreprise (p 36). Le livre met en valeur le rôle de la réputation dans la mise en œuvre de la TD (p 41). Enfin, le mythe de l'entreprise décloisonnée évacue tout enjeu de pouvoir (p 49) quand l'autre mythe du panoptique pose la question de la manipulation et de la liberté du collaborateur (p 53).
La deuxième partie s'interroge sur la mise en œuvre de la transformation digitale. Si l'élément déclencheur est la peur de l'ubérisation, le texte décrit les différents modus operandi de la TD puis s'intéresse aux responsables de celle-ci (et leur rôle ô combien ingrat dans l'entreprise, je sais bien de quoi elle parle). Plus que l'ubérisation, il faut comprendre que la TD est déclenchée par 4 facteurs : le client, le salarié, le coût et le concurrent. Les méthodes proposées ressortissent souvent de l'injonction paradoxale et il faut pour cela des leaders qui soient à la fois insérés et en marge : là encore, position paradoxale qui n'ouvre pas à leurs titulaires de belles perspectives de carrière, quel que soit l'enjeu transformationnel voulu par les dirigeants.
La troisième partie traite de la nouvelle équation managériale : le changement de posture dans les métiers (focus sur le DSI et le DRH), la valorisation de nouvelles compétences, la transformation de la fonction managériale (section qui mérite le détour puisqu'elle pose la question de l'autorité du manager de contact et des niveaux intermédiaires, très souvent oubliés dans les démarches de TD, p 100 sqq), enfin l'absence de cadre juridique clair.
Au final, un petit ouvrage qui se lit facilement, au carrefour des sciences de gestion, de la théorie du management, de la sociologie des organisation mais aussi, un peu, de la gestion des systèmes d'information. Appuyé sur des références académiques solides sans être trop nombreuses, faisant la part belle à des témoignages (divers et donc inégaux, mais c'est la loi du genre), il constitue une bonne entrée en matière au sujet. Tourné vers l'entreprise (plutôt la grande), il oublie ainsi les autres organisations (administrations, ONG) et les PME, mais qui ne font pas réellement partie de son champ d'étude.
Aurélie Dudézert, La transformation digitale des entreprises, Repères La Découverte, 2018, 127 pages.
O. Kempf
(B2) Le général des Carabinieri italiens Vincenzo Coppola vient d’entrer en fonction comme nouveau nom à la tête du commandement des missions civiles de crises (CPCC). Une bonne nouvelle
Vincenzo Coppola (Crédit : SEAE)
L’Italien Vincenzo Coppola, à l’expérience certaine dans les Balkans et la lutte contre les mafias, a pris les commandes du commandement civil de la gestion de crises (CPCC *) et a remplacé le Britannique Ken Deane. Cela clôture en beauté une carrière de 40 ans, tant au niveau italien qu’au niveau européen (Lire notre portrait réalisé en avant-première : Le commandement des missions civiles de crise confié à l’Italien V. Coppola (Carabineri)).
Un élément essentiel de la politique de sécurité européenne
« A un moment où le monde considère de plus en plus l’Union européenne comme un partenaire responsable dans le domaine de la sécurité, […] les missions civiles de la PSDC constituent un élément essentiel de la politique étrangère de l’UE », a déclaré le nouvel arrivant, promettant de « mettre à profit [son] expérience professionnelle en gestion de crise internationale et dans l’environnement de sécurité et de défense européen au sens large pour [en faire] bénéficier » dans ses nouvelles fonctions.
Le commandement des missions civiles : une petite équipe
Le commandement des missions civiles de gestion de crise de l’UE comprend environ 80 personnes. Ce qui est somme toute assez peu pour conduire et diriger la douzaine de missions dispersées sur trois zones essentielles — Europe, Moyen-Orient, Afrique — qui comptent environ 2000 hommes et femmes, policiers, douaniers, magistrats, spécialistes de la sécurité. L’Union européenne a aujourd’hui une douzaine de missions dites ‘civiles’ chargée de conseiller, former, et/ou aider à restructurer les forces de sécurité intérieure dans plusieurs pays de ‘crise’ : de l’Ukraine (EUAM) à la Libye (EUBAM), en passant par l’Irak (EUAM), la Palestine (EUPOL et EUBAM), le Kosovo (EULEX), la Moldavie (EUBAM), la Géorgie (EUMM), la Somalie (EUCAP), le Niger (EUCAP) et le Mali (EUCAP et EUSTAMS). Deux de ses missions ont une vocation ‘exécutive’ : la mission ‘État de droit’ EULEX Kosovo et la mission d’observation EUMM Georgia.
Rétablir un certain lien de confiance
Le général aura fort à faire pour rétablir un lien de confiance, non seulement au sein de ses équipes mais aussi avec les États membres, assez ébranlés par la gestion chaotique dans les derniers mois, de son prédécesseur, Ken Deane. Cet ancien policier britannique, ayant servi en Irlande du Nord est sorti par la petite porte. Le service diplomatique européen a joué la discrétion, alors qu’une enquête interne a été ouverte pour harcèlement sexuel et que son intempérance à l’alcool tenait du secret de polichinelle. Aucun geste officiel saluant son travail ni même la mention de son nom dans le communiqué saluant l’arrivée de V. Coppola. Ce qui est plutôt rare et témoigne du soulagement de la direction du SEAE de voir partir un homme arrivé avec de grandes ambitions à Bruxelles qui s’est enfermé dans des chicaneries et des rancœurs personnelles, qui n’étaient sans doute pas à la hauteur du poste qu’il occupait.
Un vent de changement dans les structures de gestion de crise
Ce changement à la tête du commandement des missions civiles illustre un renouvellement complet des responsabilités à la tête des structures de gestion de crises de l’UE. Ainsi, la Finlandaise Sofie From-Emmesberger a remplacé le Belge Walter Stevens à la tête du COPS (lire : Une Finlandaise prend la tête du COPS), le comité politique et de sécurité, la cheville ouvrière de la doctrine de l’Europe de la défense et de la diplomatie européenne. La direction de la planification des missions et opérations militaires (CMPD) doit aussi changer de chef, pour remplacer Gabor Iklody. Tandis que le comité militaire de l’UE doit changer de tête : le général italien Claudio Graziano, chef d’état-major de la défense italienne, devant succéder au général grec Mikhael Kostarakos (lire : Un général italien à la tête du comité militaire de l’UE à partir de 2018).
(Nicolas Gros-Verheyde)
* Civilian Planning and Conduct Capability
L'autre jour, je regarde 28mn, émission intelligente sur Arte : Ce soir là (ici), débat sur les migrations à propos de l'Aquarius. On y houspille René Girard qui dit qu'il y a des différences culturelles entre les pays d'origine et les pays d'arrivée (36'55 : "les êtres sont des êtres culturels"). Visiblement, l'assistance (outre Elisabeth Quin, deux journalistes plus deux autres invités) le regardent avec dépit.
Trois minutes plus tard, changement de séquence, les deux journalistes écoutent (à partir de 39'05) le sympathique Xavier Mauduit disserter avec talent sur Matteo Rici au XVIe siècle en Chine et la subtilité des jésuites qui savaient adapter la religion au substrat culturel des régions qu'ils évangélisaient ("Matteo Ricci a compris quelque chose de fondamental, qu'il faut adapter le christianisme à la culture et à l’environnement", 41'13) même s'il constate que la méthode jésuite n'a pas marché : peu de Chinois se sont convertis. Là, on devine de la part de l'auditoire une approbation sur le différentialisme qui permet d'accepter l'autre tel qu'il est.
Suis-je le seul à avoir aperçu que les deux disaient la même chose, ou plus exactement partaient du même constat de la différence mais qu'à l'un on distribuait des mauvais points, à l'autre des bons ?
Bref, le discours que l'on entend sur les réseaux sociaux ou les médias est toujours augmenté de la perception "morale" de ce qui est dit. Je mets morale entre guillemets car il ne s'agit pas d'une vraie morale, mais d'une moralette ou moraline, d'une sous morale superficielle mais qui ressort de l'arc réflexe, sans contrôle de la raison.
Remarquons d'ailleurs que ce biais est partagé par tous ceux qui s'expriment, comploteurs ou sermonneurs, de quelque camp qu'ils soient.
Mais que du coup, cela obscurcit sacrément la compréhension de la réalité. Au fond, la scène médiatique actuelle est celle d'une réalité diminuée par ces filtres qui opacifient le monde.
O. Kempf