(B2) Le mécanisme de protection civile a été activé mercredi (3 octobre) face à la situation dans la province de Sulawesi centrale en Indonésie.
Le tsunami (une vague de 3 mètres) et le séisme (de magnitude 7,5) subi vendredi (28 septembre) ont fait près de 1400 morts et 2500 blessés, selon un bilan encore provisoire.
(Crédit : Fédération internationale de la Croix Rouge)
Finances, cartographie et experts
La Commission européenne a déjà débloqué 1,5 million euros pour l’aide humanitaire d’urgence lundi (1er octobre). Le service de cartographie d’urgence du satellite européen Copernicus a également été activé. Il a ainsi pu fournir des cartes satellites pour évaluer les dégâts et aider les autorités nationales et services d’aide sur le terrain. La Commission a également envoyé un expert humanitaire sur le terrain pour coordonner les efforts de l’Union européenne. Une aide complétée par celle des États membres : le Danemark et Belgique ont déjà annoncé débloquer des fonds, ainsi que le Royaume-Uni.
Un A400M britannique sur place
Un avion «Atlas» A400M de la Royal Air Force britannique, qui se trouvait au Moyen-Orient, a été dépêché sur place, pour assurer l’approvisionnement dans les zones qui en ont le plus besoin. Une petite équipe d’experts militaires britanniques s’est aussi déployée en complétement d’une équipe d’experts et une aide de 2 millions de £ du DFID, le département ‘Développement’ du Royaume-Uni. « Cela montre une fois de plus que la Grande-Bretagne et ses alliés du monde entier peuvent compter sur nous pour leur apporter soutien et assistance, peu importe l’heure, le lieu et le problème » a souligné le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson.
(Aurélie Pugnet st. & Nicolas Gros-Verheyde)
(B2 – exclusif) Le gouvernement belge ne croit pas que l’opération de l’UE en Méditerranée (EUNAVFOR Med alias Sophia) soit vraiment efficace. Aucun navire n’était présent en 2018, aucun ne le sera en 2019. La présence d’officiers au QG de Rome pourrait même être interrompue au 1er janvier prochain. Un retrait symbolique pour un pays qui a été un des premiers contributeurs
Pas de contribution en navires
La défense belge n’avait pas jugé bon de contribuer en fournissant des navires cette année. Une position qu’elle compte réitérer en 2019, comme nous l’a confirmée le ministre Steven Vandeput lors de notre entretien avec B2 fin août. « Nous n’avons pas contribué avec des navires cette année et nous tiendrons la même position l’année prochaine. »
Une opération suboptimale
Une question d’efficacité juge le ministre (N-VA). « Pour moi, cette opération est quand même suboptimale. Je l’ai dit à Vienne [NDLR lors de la réunion informelle des ministres de la Défense]. Car on n’est jamais passé aux phases 2b et 3 (comme prévu) qui concernent la lutte contre les passeurs. C’est le problème, cette opération n’est pas encore efficace. »
Des ersatz de solution
« On parle d’ajouter le contrôle des flux de pétrole au mandat de l’opération, mais cela reste accessoire finalement, par rapport à l’objectif principal. Tout le monde se concentre sur la formation des garde-côtes. Mais cela apparait comme un ersatz de solution, faute de passer aux phases 2b et 3. »
Pas de contribution tant qu’il n’y a d’intervention dans les eaux territoriales
La Belgique « contribuera donc quand on passera à la phase 2b et 3 [avec la possibilité pour les navires d’intervenir dans les eaux territoriales libyennes et à terre]. Sinon, cela ne sert pas à grand chose ». Lire l’entretien complet : Facilité de paix, Pesco, Sophia … Il reste encore des points à clarifier (Steven Vandeput)
Arrêt de toute participation en 2019
La Belgique conserve encore quelques officiers dans l’état-major de l’opération à Rome. Mais ce n’est plus qu’une question de mois, selon nos informations. Une décision est en préparation. Et elle pourrait conduire à ne pas proposer de renouveler cette présence belge dans l’état-major. Ainsi au premier janvier, la Belgique ne participerait plus formellement à Sophia en personnel et en moyens, mais uniquement de manière financière via le mécanisme Athena.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Au milieu des lamentations que suscite l'inévitable progression du nationalisme et du populisme, on pourrait aisément passer à côté des changements surprenants et salutaires qui se sont opérés dans l'opinion publique au cours des deux dernières années. Bien malgré lui, même Donald Trump peut avoir des effets positifs. Ce changement d'attitude transparaît notamment dans la manière dont nous appréhendons les dilemmes que soulèvent les mesures prises en matière de nouvelles technologies. L'idée même du « (...)
- Silicon circus / Technologie, Technologies de l'information, Technologies de la communication, État, Industrie, Protectionnisme, Propriété industrielle, Stratégie, Stratégie militaire, Sécurité, Allemagne, Chine, France, Italie, Inde, États-UnisNous l'attendions depuis... 2011 : le dernier film de Pierre Schoeller vient de sortir. Pierre Schoeller est l’auteur de "L'exercice de l’État", film dont nous avions dit à l'époque le plus grand bien (voir ici). Nous étions impatient de vérifier que l'opus suivant serait de la même qualité. Il l'est, avec pourtant des variations qui en font un film différent du premier, même si la réflexion politique sous-jacente est elle aussi remarquable.
Disons d'abord ce que le film n'est pas : ni une biographie des derniers jours de Louis XVI, ni une histoire de la Révolution française. Bien sûr, le film comporte des éléments de ces deux thèmes mais là n'est pas son sujet. Le titre dit tout, finalement : centré sur le peuple, le film cherche à montrer l'évolution du regard du peuple sur son roi. Voici mis en scène le net processus de distanciation à multiples registres entre un peuple (aujourd'hui, on dirait l'opinion publique) et son chef de l’État (avec plusieurs dimensions évidentes : sacrées, mythiques, psychologiques -père du peuple, comme Louis XII - ,...).
Le peuple donc, centré sur une famille élargie du faubourg Saint-Antoine. Confessons que le début est un peu laborieux et qu'on se met à craindre une symbolique trop lourde avec la lumière apparaissant dans la rue, à mesure que les ouvriers font tomber les créneaux de la Bastille. Heureusement, ce style ne dure pas. Le chef de famille n'est pas le père (puisque rappelons-le, le père est le Roi, symboliquement), mais "l'Oncle", formidable Olivier Gourmet que l'on retrouve avec plaisir, sept ans après son rôle de ministre dans l'exercice de l’État. L'intérêt porté à une famille du faubourg permet de suivre les évolutions des consciences et les débats politiques, mais aussi familiaux ou spirituels (car la question de la relation religieuse n'est bien sûr pas absente, même si elle n'est traitée qu'à petites touches).
Le Roi, porté par un Laurent Lafitte crédible, semble distant. Il doit prononcer dix répliques sur l'ensemble du film : non que c'est un personnage secondaire mais justement, son silence dit tout de sa difficulté politique.... même si une larme coulant lors de la signature d'une première Constitution montre une conscience nette du processus en cours, ou surtout un cauchemar (P. Schoeller aime les rêves, on l'a vu dans son opus précédent) où il est aux abois devant les reproches de ses aïeux (Louis XIV, Henri IV et Louis XI) de trahir l'héritage : la puissance, le cynisme et la ruse reprochent à ce Roi débonnaire de ne pas peser sur les événements. Au fond, il se laisse mener par eux et n'a plus de cours sur les événements... métaphore des dirigeants contemporains et reprise de la thématique de l'exercice de l’État.
Voici alors le troisième personnage, celui qui n'est pas indiqué dans le titre et qui occupe un rôle central : l'Assemblée nationale dont on suit les débats successifs au manège (mais aussi les lobbies et groupes d'influence, avec la mise en scène du club des Cordeliers). Marat est terrifiant de vulgarité, beaucoup plus qu'un Robespierre habituellement caricaturé et traité ici comme un glacial intellectuel, se contrôlant en permanence. L'Assemblée qui se transforme en Convention est le lieu des débats, elle est le troisième personnage du film, elle aussi à plusieurs voix, comme le peuple qui assiste des tribunes. Certes, quelques épisodes de la Révolution sont mis en scène (la marche des femmes sur Versailles, les événements du 10 août) et si on voit que Paris et ses habitants pèsent sur le cours politique, là n'est au fond pas ce qui intéresse P. Schoeller.
Les débats législatifs et politiques, leur lente articulation et évolution, la cristallisation d'idéologies successives, la montée en puissance d'un "populisme" (de gauche !) constituent finalement le troisième ressort de ce film : quid de la médiation entre un peuple et son chef d’État ? quid des "représentants", quel est leur rôle ? Comment refléter idées et évolutions du peuple dans un débat public où les outrances trouvent finalement à prendre le pas sur le bien commun, annihilant toute action publique ? Comment articuler "sur les deux jambes", comme le dit un député, le législatif et l'exécutif, pour obtenir l'équilibre ? Questions d'époque, questions bien contemporaines... Elles passionnent le peuple et laisse le Roi indifférent, fataliste qu'il est de son propre destin. Pas besoin de Roi dans une République ? mais après ? les questions demeurent et sont toujours contemporaines.
Voici donc un film assez littéraire, imprégné de philosophie politique, servi par une mise en image raffinée et des jeux d'acteurs sobres. Disons le mot : un des meilleurs films sur la Révolution française. On ne saurait pourtant le réduire à un film d'histoire : là n'est pas l'ambition du réalisateur, qui a voulu se servir de cet arrière-plan pour continuer son interrogation politique sur la pratique du pouvoir. Convenons qu'il ne transporte pas au premier abord mais qu'il convertit peu à peu, au point d'en sortir convaincu.
O. Kempf
Au Théâtre national de la Colline, deux pièces mettent en regard les effets de la colonisation depuis la traite des esclaves dans des approches et des esthétiques totalement différentes et réussies.
- Contrebande / Esclavage, Migrations, Afrique, Violence, Histoire, Roumanie, Sénégal, Culture, Fiction, Théâtre(B2) Les élections européennes de 2019 pourraient changer la donne. Sans être la révolution attendue ou redoutée, certaines évolutions pourraient être radicales
La composition de l’hémicycle relève d’une alchimie particulièrement complexe (© NGV / B2)
Qui dirigera le Parlement demain ?
Le Parlement européen est actuellement dirigé par une grande coalition droite-gauche. Les ‘populaires’ du PPE (dont font partie les Républicains) et les sociaux et démocrates du S&D (dont est membre le PS) disposent aujourd’hui de la majorité absolue des sièges (408 sur 751). Ce qui leur donne la faculté de choisir le président du Parlement comme celui de la Commission. Les derniers sondages donnent en effet ces deux partis de gouvernement perdants. Le PPE pourrait perdre une quarantaine de sièges, tandis que les socialistes subiront une purge drastique : entre 50 et 60 sièges de moins, sur les 189 actuels. Le départ des Travaillistes britanniques, mais aussi les mauvais résultats attendus en France, en Italie et en Allemagne expliquent cette saignée. Résultat : pour former et atteindre le nouvel seuil de la majorité (353 sièges *), pro-européenne, au Parlement, il faudra s’adjoindre les troupes libérales et démocrates, voire les Verts.
Les Libéraux en progression ?
Là encore, l’enthousiasme devrait être plus mesuré qu’attendu. Certes, ALDE pourrait (re)devenir le troisième groupe de l’assemblée et il deviendra une pièce maitresse du nouveau jeu de pouvoir européen lui laissant espérer de pouvoir obtenir un des postes de tête (présidence du Parlement européen, du Conseil ou Haut représentant). Mais il lui faudra, pour cela, compter sur l’appui des En Marche français.
Les ‘En Marche’ pourront-ils former un groupe à part ?
Cela paraît difficile. La seule possibilité, sérieuse pour l’instant, est de venir renforcer les Libéraux et démocrates (ALDE). L’écrasement régulier dans les sondages des troupes d’Emmanuel Macron ne laisse plus vraiment d’espoir au président français de constituer une force d’attraction suffisante pour ‘décrocher’ les partis libéraux et démocrates de leur groupe actuel.
Qui devrait progresser au Parlement ?
La gauche et les communistes (GUE) devraient gagner quelques sièges. Idem pour les Verts. Mais, ce ne sera pas le grand saut espéré. Cette augmentation ne compensera pas la perte des sociaux et démocrates et se révélera incapable de fournir assez de troupes pour composer une majorité alternative. Selon nos calculs (**), les trois groupes de ‘gauche’ n’arriveraient qu’à peine à un tiers de l’hémicycle (35%). Même avec le renfort des Libéraux et Démocrates, ils n’arriveraient qu’à 48% des sièges. C’est surtout de l’autre côté de l’hémicycle que se situera l’évolution majeure…
Qui pourrait être le grand gagnant ?
Actuellement bon dernier des groupes politiques, celui de l’extrême-droite devrait grimper à la cinquième, voire la quatrième place de l’échiquier. Ce qui rendra difficile d’évincer les députés nationalistes de certains postes de prestige ou de pouvoir : vice-présidence du Parlement ou présidences de commissions, par exemple. Le « cordon sanitaire » actuel pourrait ainsi éclater. La répartition à ces fonctions se faisant, selon la règle D’Hondt, suivant une sorte de proportionnelle améliorée.
Que deviendront les autres groupes eurosceptiques ?
Contrairement à ce que d’aucuns prétendent, c’est une vraie inconnue. Malgré un certain vent eurosceptique qui souffle en Europe, difficile de prédire leur poids futur. Les députés hostiles à l’intégration européenne sont, en effet, éclatés en deux groupes principaux qui subissent de plein fouet le Brexit. Les conservateurs du PiS polonais vont se retrouver orphelins des Tories britanniques avec qui ils formaient le groupe conservateur ECR. Idem pour les Italiens du Mouvement 5 étoiles qui subissent le départ des anti-européens de l’UKIP et n’ont plus le nombre minimum de pays pour constituer un groupe. Leur influence dépendra donc de leur faculté de fusionner (ce qui parait délicat) et d’attirer de nouveaux membres pour former un groupe solide (***).
Pourquoi est-ce si difficile de prévoir ?
Au Parlement européen, les groupes politiques sont assez mouvants d’une législature à l’autre. Plusieurs questions se posent notamment à l’extrême-droite. L’AFD allemande aujourd’hui est présente dans le groupe eurosceptique (EFDD). Son positionnement en 2014 était largement anti-européen. Mais elle a évolué, entre temps, vers un positionnement plus clairement nationaliste, tandis que le Front national faisait le chemin inverse, devenant le Rassemblement national. Y-aura-t-il un regroupement ? De même, les Démocrates suédois membres du groupe EFDD ont récemment (juin 2018) rejoint les Conservateurs. Difficile donc de prédire l’évolution. Enfin, nombre de députés se retrouvent aujourd’hui sans affiliation précise au Parlement européen. Une bonne cinquantaine sont ainsi issus de partis ou de listes qui, soit n’étaient pas présentes en 2014, soit sont aujourd’hui difficilement classables.
L’éclatement du PPE est-il possible ?
C’est une question pendante, avec le virage pris par le leader hongrois Viktor Orban s’affichant ostensiblement. Est-ce que la Fidesz hongroise qui est membre aujourd’hui du PPE quittera ce groupe pour aller voguer de concert avec les conservateurs polonais (PiS) ? Sur le plan idéologique, politique comme économique, les deux partis ont nombre de points communs, avec une politique plus ‘sociale’ que certains partis du groupe PPE, mais vigoureusement nationale et anti-intégration européenne pour certains autres aspects. Mais quitter le giron du PPE pour Viktor Orban serait risqué… La même question se pose pour les plus ‘sociaux’ du PPE si Viktor Orban restait. L’éclatement de la famille chrétienne-démocrate serait une vraie tempête pour le Parlement européen. Bruxelles bruit actuellement de rumeurs. Mais la tendance naturelle, conservatrice, des forces composant le PPE, pourrait les conduire finalement à rester ensemble. La solidité du groupe est peut-être plus solide que ce qu’en laissent penser certaines tendances centrifuges sur lesquelles misent certains — notamment les En Marche ou les LibDem — pour essayer de ravir le pouvoir à ce parti qui a été de toutes les batailles européennes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Le nombre de sièges au Parlement européen a été revu, à la suite du départ attendu des députés britanniques, passant de 751 à 705. Et certains pays, sous représentés du fait des évolutions démographiques, ont bénéficié d’un coup de pouce. La France bénéficie ainsi désormais de 79 sièges au lieu de 74. Lire : Les eurodéputés pas super enthousiastes pour les listes transnationales
(**) Source base de données B2 élections sur la base des chiffres fournies par foederalist.eu
(***) Pour former un groupe au Parlement européen, il faut (aujourd’hui) avoir 25 députés provenant de sept États membres (au moins un quart des États membres). Mais cette règle pourrait être modifiée dans la prochaine législature. Les députés doivent en débattre justement cette semaine en commission AFCO (affaires constitutionnelles).
Papier publié pour Sud-Ouest, complété et détaillé