À l'occasion de la 2ᵉ édition du Forum d'Information et d'Échange sur les Parcs (FIEP), tenue ce vendredi 12 décembre 2025 à l'hôtel Azalai de Cotonou, African Parks a présenté ses principales réalisations de l'année en matière de gestion des parcs nationaux de la Pendjari et du W-Bénin.
Malgré un contexte sécuritaire délicat, African Parks a réalisé des progrès majeurs. Pour maintenir la maîtrise des espaces protégés, 94 nouveaux rangers ont été recrutés et formés en partenariat avec la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse. Les équipes ont intensifié les patrouilles permettant l'interpellation de braconniers et la saisie d'armes, munitions et ivoires. Cette présence accrue demeure essentielle pour la protection de la faune.
Faune : des signes encourageants
Les inventaires 2025 montrent une stabilité générale des populations de grands mammifères. Les éléphants et hippopotames enregistrent même une croissance notable. Le retour inattendu des vautours dans la Pendjari et l'observation d'un nombre élevé de nouveau-nés illustrent une dynamique positive des écosystèmes. Dans l'enclos de conservation, la population de damalisques est passée de 10 à 18 individus. Pour améliorer le suivi scientifique, 23 éléphants ont été équipés de colliers satellitaires et plus de 100 caméras-pièges ont été installées dans les deux parcs.
De meilleures conditions pour le personnel
Plusieurs chantiers ont renforcé la fonctionnalité et la sécurité des parcs. Il s'agit de la rénovation et aménagement de bureaux au siège du CENAGREF à Kandi ; la construction d'un nouveau bâtiment à la direction du parc de la Pendjari ; l'amélioration des infrastructures sécuritaires au W-Bénin ; l'entretien des pistes pour faciliter les opérations.
African Parks a mobilisé 1,58 million USD de crédits carbone, redistribués selon un accord avec l'État, les communautés et Verra. Parallèlement, 17 555 USD ont été obtenus pour soutenir le suivi satellitaire et les actions auprès des communautés.
Plus de 43 000 personnes sensibilisées
L'organisation a multiplié les séances d'information autour des règles du parc, l'importance de la conservation de la biodiversité et les pratiques écoresponsable. Pour atténuer les conflits homme-faune, 306 victimes ont été indemnisées, et 162 autres le seront prochainement.
African Parks a apporté un appui massif aux écoles riveraines avec la dotation de matériels didactiques, de fournitures et de mobiliers scolaires. Sans oublier la rénovation et la construction de plusieurs infrastructures ainsi que la prise en charge d'enseignants.
Des revenus nouveaux pour les communautés
African Parks a soutenu plusieurs filières génératrices de revenus notamment l'apiculture, la collecte et la transformation des fruits de baobab, la production d'huiles végétales, de l'eau de vie Karitan, une liqueur à base de la pulpe de Karité.
– 2,3 tonnes de miel produites pour 3,1 millions FCFA générés ;
– 350 litres d'huile de neem pour 1,1 million FCFA ;
– 8,7 tonnes de poissons pour 8,5 millions FCFA ;
– Et plus de 14 tonnes de fruits de baobab transformées par des coopératives ;
Pour réduire la transhumance dans les parcs, des actions de formation, de production de fourrages et de vaccination animale ont été menées, avec 50 000 têtes de bétail vaccinées. Une quarantaine de jeunes ont été formés à l'entreprenariat agricole et accompagnés dans la mise en place de leurs activités.
Accès à l'eau et cohésion sociale
Plusieurs forages ont été réparés ou réhabilités dans les deux parcs, tout comme le barrage de Batran pour soutenir les activités pastorales et maraîchères. Des tournois sportifs ont également été organisés pour renforcer le lien entre communautés et parcs. En dépit des menaces sécuritaires, les parcs de la Pendjari et du W-Bénin continuent de démontrer leur résilience.
Avec l'appui du gouvernement, des partenaires et des communautés locales, African Parks confirme en 2025 une dynamique de conservation efficace.
Akpédjé Ayosso
Des experts, analystes sécuritaires, universitaires et gestionnaires de parcs ont échangé, ce vendredi 12 décembre 2025 à Cotonou, sur les enjeux et défis de la Conservation dans le W-Arly-Pendjari dans un contexte de crise sécuritaire. C'est à l'occasion du panel de haut niveau, organisé dans le cadre de la 2e édition du Forum d'Information et d'Échange sur les Parcs (FIEP), initiée par l'ONG African Parks sous l'égide du Ministère du Cadre de Vie et des Transports, en charge du Développement Durable.
Le complexe W-Arly-Pendjari (WAP), joyau écologique partagé entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger est confronté à une crise sécuritaire persistante. L'un des défis majeurs est de préserver cette biodiversité exceptionnelle tout en résistant à la montée de l'insécurité. « L'ensemble des forces hostiles considèrent l'intérieur des parcs nationaux comme offrant de possibilités de refuge. Leurs activités nuisent à la faune et à la flore, parfois même aux animaux eux-mêmes », a indiqué le Colonel André Dokoui Fofo, commandant du théâtre des opérations à la tête de l'Opération Mirador. Le Colonel André Dokoui Fofo rassure tout de même que « l'opération Mirador dispose de toutes les ressources nécessaires pour faire face aux problèmes de terrorisme dans les parcs et dans le nord en général. »
Des impacts sur les communautés riveraines
Pour l'enseignant-chercheur Dr Kamal Donko, l'insécurité crée des immobilités, perturbe les habitudes et complique les relations entre populations et gestionnaires de parcs. « Nous devons encore travailler pour que les communautés comprennent pourquoi African Parks est là. La sécurité dépend de chacun de nous », a-t-il affirmé.
L'Atacora compte 9 communes et 4 de ces communes sont riveraines aux parcs. Au niveau de ces localités riveraines, les conséquences sont visibles. Selon l'administrateur civil chargé de mission du Préfet de l'Atacora, Maguidi Gbere Kora, les flux économiques ont fortement diminué, et les populations vivent dans une psychose permanente, atténuée par la présence des forces de sécurité. Il a salué la stratégie adoptée par African Parks. « African Parks apporte un soutien concret via l'éducation, l'emploi et le développement économique, contribuant ainsi à renforcer la résilience locale », s'est-il réjoui.
Une gestion adaptative des parcs nationaux
De son intervention, le Directeur Régional African Parks Bénin, Hugues Akpona a précisé la complémentarité entre rangers et forces de défense et de sécurité : « Nos rangers assurent la surveillance et la protection de la nature, tandis que l'armée se charge de la sécurité et de la défense du territoire ». Malgré la montée des menaces, African Parks poursuit sa mission de surveillance, de protection et de gestion adaptative des parcs. « Nous avons appris de la dynamique de la menace, de comment les communautés elles-mêmes s'adaptent à la situation. Nous nous positionnons dans cette dynamique pour apporter des solutions », a affirmé Hugues Akpona. Il a évoqué le programme d'incubation d'African Parks visant à renforcer l'impact de la conservation en Afrique. Il permet de soutenir et d'encadrer d'autres organisations de gestion d'aires protégées désireuses de s'inspirer de l'expérience d'African Parks.
Abdel Aziz BABA-MOUSSA, Directeur Général du CENAGREF a rappelé les politiques nationales et les cadres institutionnels mis en place pour adapter la gestion des réserves de faune face à la crise sécuritaire. « Avec l'insécurité, nous avons renforcé le moral des Rangers. Ils sont désormais reversés dans le personnel permanent de l'Etat. Nous avons créé le corps des Rangers au sein de l'administration forestière », a-t-il déclaré.
Pour l'expert Dr Yemboado Georges Namoano du programme NaturAfrica financé par l'Union européenne, la crise sécuritaire est un frein majeur à la conservation. « Le complexe WAP est un patrimoine mondial. Tous les pays qui sont épris de la conservation doivent financer cette préservation. Mais avant tout, il faut résoudre les problèmes d'insécurité pour que la conservation soit efficace », a-t-il notifié.
Benjamin Y Bassono, Directeur exécutif de l'ONG Ange Gardien de la Nature, a mis l'accent sur la mobilisation des leaders communautaires : « Il faut impliquer davantage les savoirs traditionnels et les acteurs politiques pour renforcer la cohésion sociale ».
À l'issue des échanges, plusieurs pistes d'actions prioritaires ont été identifiées. Il s'agit de renforcer la collaboration transfrontalière entre les trois pays partageant le complexe W-Arly-Pendjari ; impliquer davantage les communautés locales, leurs leaders traditionnels et les savoirs endogènes ; développer des projets économiques et sociaux pour réduire la vulnérabilité ; soutenir les efforts sécuritaires pour garantir l'efficacité de la conservation ; et poursuivre les initiatives d'éducation, de sensibilisation et de formation pour améliorer la compréhension et l'adhésion des populations.
Le FIEP 2025 a permis d'identifier clairement les enjeux sécuritaires et leurs impacts sur la conservation, tout en posant les bases d'une approche coordonnée et inclusive pour la protection des parcs du WAP face à la crise sécuritaire.
Akpédjé Ayosso
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