(B2) C'est loin de leur zone de chalandise que les pirates somaliens semblent avoir porté leur dévolu, multipliant les attaques en mer d'Oman ou d'Arabie. Deux ont failli réussir ce week-end. L'intervention rapide de la marine indienne d'un côté, des garde-côté seychellois de l'autre ont permis de mettre fin aux attaques.
En plein mer d'Oman / d'Arabie
Samedi (27 janvier), un navire a été l'objet d'une tentative d'attaque, très loin de la Somalie, à 780 miles marins à l'est d'Hafun, en pleine mer d'Oman/Arabie. Une zone plus proche des côtes indiennes. Quatre hommes à bord, armés de fusils automatiques et de lances grenades a été observé, s'approchant à moins de 300 mètres du navire, précise le centre maritime britannique UKMTO. L'incident se situe à hauteur de Khozhikode selon nos données (10°54 nord et 064°17 Est). Les gardes de sécurité à bord ont tiré des tirs d'avertissements. Les attaquants ont rebroussé chemin.
Un chalutier sri-lankais sauvé par la marine seychelloise
Le même jour, une autre tentative a réussi. Un chalutier sri-lankais, le Lorenzo Putha-4, avec six membres d’équipage à bord, a été abordé par les pirates à quelque 840 nautiques au large des côtes somaliennes et saisi. « Selon nos informations, ils ont été capturés par des pirates somaliens », a déclaré dimanche (28 janvier) le captain (capitaine de vaisseau) Gayan Wickramasuriya, le porte-parole de la marine sri-lankaise. L'intervention de la garde-côte des Seychelles a permis rapidement de mettre fin à l'épisode lundi (29 janvier), selon le média sri-lankais Adaderana. Les trois pirates ont été arrêtés. Et le chalutier sri-lankais escorté jusqu'au port de Victoria (Seychelles).
Un navire de pêche iranien, libéré par la marine indienne
Lundi (29 janvier), le patrouilleur de haute mer de la marine indienne INS Sumitra (P59) est intervenu pour libérer un navire de pêche iranien, MV Iman, détourné par les pirates somaliens, avec 17 membres d'équipage, en pleine mer d'Arabie, indique la marine indienne lundi (29 janvier) (source ANI). L'hélicoptère de bord de type ALH Dhruv a d'abord survolé le navire détourné avertissant les pirates. Puis les militaires indiens sont intervenus, « désarmant les pirates et leur ordonnant de s'éloigner vers la Somalie », selon la presse indienne (Républic Word).
Une autre attaque près des côtes somaliennes
Dimanche (28 janvier), une autre attaque a eu lieu. Cette fois, toute proche de la Somalie (à 11*30 Nord et 048 Est). À 70 nautiques de Bossaso, un navire a été approché à moins de 400 mètres par un skiff, avec cinq hommes à bord dont quatre armés d'armes de type AK47 (Kalachnikov). L'équipe de sécurité à bord a fait un tir d'avertissement, le skiff a cessé son approche.
(NGV)
Mis à jour (12h20) avec l'information de la libération du navire sri-lankais
(B2) Le projet Hunger de l'artiste Yona Tukuser vous projette à la figure cette famine du XXe siècle en Ukraine un peu oubliée jusqu'à l'intervention russe de 2022. Des peintures d'une rare symbolique
Durant quatorze ans, l'artiste de nationalités bulgare et ukrainienne a rassemblé des documents historiques sur la famine en Ukraine entre 1921 et 1947, utilisant des informations provenant des archives d'État et des entretiens personnels avec des témoins qui ont survécu à la famine, ainsi que de nouvelles sources vidéo documentaires.
Ces peintures issues de cette matière humaine recréent une atmosphère sombre, agressive, d'un réalisme parfois troublant, où la puissance et le tragique semble égaler l'horreur. Une exposition qui entend commémorer le 90e anniversaire de la tragédie de l'Holodomor de 1932-1933, famine reconnue par le Parlement européen comme un génocide.
Cette exposition résonne avec ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine. S'y adjoint en effet, un film documentaire et une installation d'authentiques grains brûlés résultant d'une attaque de missile russe. sur un entrepôt de céréales dans un port du Danube en 2023, ainsi qu'un fragment d'un drone russe qui a brûlé ces céréales.
« Poids et mesures : vont le plus souvent par deux » — lirait-on dans le Dictionnaire des idées reçues. D'être reçue n'ôte pas nécessairement de sa pertinence à une idée. En l'espèce, celle-ci n'en a jamais tant eu.
- La pompe à phynance / Conflit israélo-arabe, France, Politique, Extrême droite(B2) En mer Rouge, les échanges de tirs s'enchaînent entre les Alliés et les rebelles Houthis. La coalition durcit le ton, mais la division affleure. Américains et Britanniques militent pour des frappes préventives. Et passent à l'action. La plupart des Européens sauf les Pays-Bas redoutent une escalade et préfèrent une posture défensive.
Un destroyer américain visé
Un « missile de croisière antinavire a été tiré » depuis les zones houthis du Yémen vers le destroyer « USS Laboon (DDG 58), dans le sud de la mer Rouge », dimanche (14 janvier) vers 16 h 45 (heure de Sanaa), annonce l'US CentCom, le commandement américain responsable pour la zone du Proche-Orient. Le missile a « été abattu à proximité de la côte d'Hodeïda par des avions de combat américains ». « Sans blessé ni dommage » est-il précisé.
Une première frappe sur les bases des Houthis au Yémen
On peut y voir une réplique à une frappe menée par les forces américaines contre un site radar Houthi au Yémen. Une première série de frappes a été faite dans la nuit de jeudi à vendredi (12 janvier). A 2 h 30 (heure de Sanaa), les forces du commandement central américain, en coordination avec le Royaume-Uni ont mené des frappes conjointes sur des cibles houthistes. Objectif : « dégrader » la capacité des Houthis « à poursuivre leurs attaques illégales et imprudentes contre les navires américains et internationaux et la navigation commerciale dans la mer Rouge ». Cible visée : « les systèmes radar, les systèmes de défense aérienne, ainsi que les sites de stockage et de lancement de systèmes aériens sans pilote d’attaque unidirectionnelle, de missiles de croisière et de missiles balistiques ».
Un soutien minimal
Frappes menées « avec le soutien de l'Australie, du Canada, des Pays-Bas et de Bahreïn » est-il précisé. Mais « sans aucun lien et (bien) distinctes de l’opération Prosperity Guardian, une coalition défensive de plus de 20 pays opérant dans la mer Rouge, le détroit de Bab al-Mandeb et le golfe d’Aden » prend bien soin de préciser le communiqué US. Notons qu'un seul pays de l'UE — les Pays-Bas — a été associé à la coalition ad hoc sous direction américaine. « Un soutien non opérationnel » prend bien soin de préciser le gouvernement de La Haye.
Seconde frappe
Une seconde frappe a été menée par l'USS Carney (DDG 64), un destroyer américain de la classe Burleigh Burke, dans la nuit de vendredi à samedi (13 janvier), à 3 h 45 (heure de Sanaa), à l'aide de missiles d'attaques terrestres Tomahawk, visant un « site radar Houthis ». Une sorte « d'action de suivi ». La première n'ayant pas a priori tout à fait atteint sa cible ? Ces frappes « n'ont aucun lien et sont distinctes de l'opération Prosperity Guardian, une coalition défensive de plus de 20 pays opérant dans la mer Rouge, le détroit de Bab al-Mandeb et le golfe d'Aden » prend bien soin de préciser cette fois le commandement américain. Une manière de se dédouaner d'une opposition interne bien présente.
L'attaque de grande ampleur
Ces frappes se veulent une réplique à l'attaque « de grande ampleur » menée par les Houthis mardi (9 janvier). A 21h16 (locales), une salve de 18 drones de type OWA, deux missiles de croisière et un missile balistique sont lancés simultanément depuis des bases yéménites, visant des navires en mer Rouge, indique l'US CentralCom. Tous interceptés par les efforts combinés des avions F18 des quatre navires américains — USS Dwight D. Eisenhower (CVN 69), USS Gravely (DDG 107), USS Laboon (DDG 58), USS Mason (DDG 87) — et le britannique HMS Diamond (D34). Aucun blessé ni dommage n'est signalé (1).
Désapprobation discrète de la plupart des Européens
La plupart des alliés européens des Américains — France, Italie, Espagne notamment de façon visible, Grèce de façon plus discrète— désapprouvent ce type de frappes ou, plutôt, s'ils ne s'y opposent pas, ne veulent pas y être associés. Quelques uns ont ainsi signé la déclaration US du 3 janvier (Danemark, Allemagne, Pays-Bas...) condamnant les attaques houthis. Mais pas la France ni l'Espagne par exemple. Et la liste des soutiens se réduit au fil des évènements. L'Italie (et la Norvège hors UE) ont ainsi marqué le coup refusant de signer la dernière déclaration sur les frappes de rétorsion, ne partageant pas automatiquement la même définition de la légitime défense (cf. Carnet 16.01.2024). Ne parlons pas de la Turquie qui a une autre appréciation du conflit au Proche-Orient que les Américains. De façon autonome, les 27 s'organisent plutôt pour préparer leur propre opération (lire : [Confidentiel] Face aux attaques des Houthis en mer Rouge, une opération européenne se planifie…).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : [Verbatim] La tactique des Houthis à l’épreuve en mer Rouge. La réaction des marines (E. Slaars)
« Àla maison je suis retournée demain ma maison était tout écroulée les morceaux des choses qu'il y avait dans la maison sortaient par les trous des bouts de tissu et des fils de fer et des éclats de miroir parmi les cailloux alors j'ai fait attention de pas marcher pieds nus sur le verre cassé et les morceaux de mur coupants même avec la poussière comme de la neige qui recouvrait les choses… »
- Contrebande / FictionThierry Discepolo, responsable des éditions Agone, auteur de « La Trahison des éditeurs » (Agone, 2023), interroge ici, en prenant l'exemple de La Découverte, la place et le rôle de la diffusion d'idées de gauche au sein d'une maison d'édition appartenant à un grand groupe.
- Contrebande / Extrême gauche, Livre, Personnalités(B2) Depuis plus un an, le gouvernement français constitué sous la présidence de Emmanuel Macron joue les équilibristes. Tentant toutes les astuces pour éviter d'adopter un standard européen démocratique
© ngv / B2La tentation française de continuer comme avant
Jusqu'aux élections de 2022, la France faisait un peu figure d'anomalie avec la Hongrie ou la Grèce. En Europe, peu de gouvernements disposent en effet d'une majorité absolue. Partout ailleurs, c'est le principe d'une coalition de partis qui dirige. La tradition démocratique européenne aurait alors voulu qu'une négociation s'engage pour former une coalition de gouvernement.
Le risque du tunnel parlementaire
Tenter le pari que les contraires ne pourront pas s'allier pour faire tomber le gouvernement est risqué. C'est un peu comme rentrer dans un tunnel long et sinueux, phares éteints et yeux fermés, et espérer ne percuter personne. Pourtant, c'est la méthode choisie par le gouvernement Macron avec la course aux soutiens individualisés. Espérer atteindre une majorité en faisant basculer quelques individualités en mal de reconnaissance ministérielle est possible quand il y a un écart de une ou deux voix. Pas quand il y a plus de 30 voix d'écart (1).
La raison du compromis
Face à une absence de majorité à la chambre, il n'y a pas vraiment d'autre méthode que de négocier un contrat de coalition pour faire entrer soit un ou plusieurs partis au gouvernement et s'assurer ainsi une majorité, soit un soutien sans participation en cas de gouvernement minoritaire. C'est une règle de base de la démocratie parlementaire. Y déroger c'est s'exposer à naviguer à vue. Ce qu'aucun gouvernement européen n'a pour l'instant tenter. Préférant souvent passer plusieurs semaines, voire plusieurs mois (comme aux Pays-Bas aujourd'hui) avant de former un gouvernement solide.
La méthode privilégiée : coalition de partis et contrat de gouvernement
L'Allemagne a inauguré depuis longtemps ce système de coalition qui rythme sa vie politique tous les quatre ans. Aucun grand parti n'atteignant la majorité absolue, celui arrivé en tête doit composer avec un ou deux autres partis. Un contrat de gouvernement est rédigé, détaillant par le menu non seulement la répartition des postes, mais aussi les réformes à venir, parfois de façon extrêmement détaillée. C'est ainsi qu'a gouverné la grande coalition, regroupant sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates, à l'œuvre sous Angela Merkel à trois reprises. C'est comme cela qu'a été constituée en décembre 2021 une nouvelle coalition « tricolore » inédite (la coalition Ampel) qui gouverne aujourd'hui, rassemblant Verts, orange (Libéraux) et rouge (Sociaux-démocrates).
En Belgique, former une coalition n'est pas un choix mais une mécanique politique obligatoire. Il s'agit non seulement d'obtenir une majorité de gouvernement à la Chambre des députés, mais aussi d'assumer la légitimité de l'État fédéral au Sud (francophone) comme au Nord du pays (néerlandophone). Contrairement à d'autres pays, ici, aucune alliance n'est prévue d'avance ni exclue. Tout dépend de l'élection et, surtout, de négociations byzantines qui s'engagent ensuite sur le mode « je t'aime, moi non plus ». L'actuel gouvernement, issu d'une négociation de quatre mois — un record de rapidité —, rassemble depuis septembre 2020 moins de sept partis. Une coalition dénommée Vivaldi, en honneur du compositeur des quatre saisons et des emblèmes des partis la composant (bleu, vert, rouge et orange).
En Autriche, c'est l'alliance des contraires. Le parti chrétien-démocrate ÖVP, très à droite, a choisi de gouverner avec les Verts. Un peu par hasard. Les deux partis sont arrivés en tête des élections. Début 2020, après trois mois de négociations, ils tombent d'accord sur un programme. Une sacrée pirouette politique pour le chancelier Sebastian Kurz, qui venait tout juste de clore 16 mois de noces avec l'extrême-droite.
Dernier exemple en date, la Pologne, les chrétiens-libéraux de la plate-forme civique, les centristes paysans de la Troisième Voie et la Gauche unie ont passé un préaccord de coalition pour pouvoir obtenir la majorité absolue afin d'extirper les conservateurs du PiS (droit et justice) et l'extrême droite du pouvoir (lire : [Actualité] Un nouveau gouvernement polonais aux commandes. Tusk le retour de l’enfant prodigue).
Seconde méthode : le gouvernement minoritaire
Cette méthode de gouvernement prévaut au Danemark. Arrivé premier aux élections en 2019, le parti social-démocrate de Mette Frederiksen n'obtient que 48 sièges sur les 179 du Folketing, le parlement danois. À peine 27%. Sa dirigeante réussit cependant à constituer son gouvernement, composé des seuls socio-démocrates. Mais avec le soutien « sans participation » autour d'un programme négocié avec plusieurs partis de gauche — des libéraux aux socialistes ou de l'extrême-gauche. Et cela tient ! Depuis presque trois ans.
En Espagne, c'est le règne de l'équilibrisme. En 2020, le premier ministre socialiste Pedro Sanchez a formé un gouvernement avec la gauche de Podemos et les socialistes catalans, au terme d'un accord de coalition, prévoyant réformes sociales et fiscales. Mais, à eux trois, il n'ont pas la majorité absolue. Pour obtenir la confiance, le socialiste négocie avec quelques partis régionalistes, basques, catalans, galiciens, leur soutien ou leur abstention. Au cas par cas. Rebelote en 2023, Sumar ayant remplacé Podemos au gouvernement ; les régionalistes restant en soutien extérieur.
Enfin, en République tchèque, c'est une coalition hétéroclite qui est arrivée au pouvoir en novembre dernier. Ensemble (SPOLU en tchèque), qui rassemble les conservateurs eurosceptiques de l'ODS et deux petits partis chrétiens-démocrates, s'entend dès le lendemain des élections, avec une autre coalition, Maires et Pirates, formée du Parti pirate tchèque et des Maires et Indépendants (STAN), à tendance très europhile, plus libérale et écologiste. Détonnant. Mais les deux ont un objectif commun : déloger du pouvoir le milliardaire libéral Andrej Babiš. L'accord est ficelé en quelques semaines. On verra s'il tient...
(Nicolas Gros-Verheyde)
Version longue et complétée d'un article publié dans Sud-Ouest en juin 2022
(B2) Un bateau de pêche yéménite, dénommé Emarat 2, a été détourné à 13 km au nord d'Eyl (Puntland) signalent les autorités maritimes samedi (23 décembre). Le dhow long de 17 mètres avait été vu pour la dernière fois se dirigeant vers le nord, le long de la côte yéménite la veille (22 décembre). Selon les autorités militaires, le navire pourrait être utilisé pour de futures attaques de piraterie. Cette attaque des pirates somaliens s'ajoutent aux nombreuses attaques par drone et missiles, ainsi que plusieurs approches « suspectes » signalées ces derniers jours entre Djibouti et le Yémen, dans le sud de la mer Rouge.
(B2) Face aux attaques désormais quotidiennes des Houthis sur les navires marchands dans le détroit de Bab el Manded, entre Yémen et Djibouti, et dans le sud de la mer Rouge, les Européens et Alliés renforcent leurs moyens dans la zone
Les Américains qui ont le 'lead' dans la zone ont demandé à leurs alliés de renforcer leurs moyens et leur patrouilles dans la zone. Du côté européen, plus que jamais, l'alerte est donnée. L'idée d'une coordination européenne a été lancée, notamment par le président français Emmanuel Macron lors du Conseil européen du 15 décembre (lire : [Actualité] Face à la menace Houthis, une coordination maritime européenne en mer Rouge ?).
Une frégate française en renfort
La frégate FREMM Languedoc rejoint l'opération européenne EUNAVFOR Atalanta. Cela permettra à l'opération « d'accroître la présence en mer Rouge et la capacité de partage d'informations avec nos partenaires de la sécurité maritime, notamment les forces maritimes combinées (CTF) » a confirmé à B2 un responsable de l'opération. Un soutien apprécié au moment de la recrudescence d'actes de piraterie des Somaliens (lire : [Actualité] Nouvelle alerte aux pirates dans le Golfe d’Aden. Un navire malto-bulgare capturé ?) comme des tirs et sommations des Houthis yéménites (cf. ci-dessous).
En soutien associé
La frégate sera en mode « soutien associé ». C'est-à-dire opérant dans le cadre du mandat d'EUNAVFOR, sous son autorité. Mais pas automatiquement de façon permanente. D'autres actions « pourraient ainsi être menées », mais dans le cadre de décisions et sous une chaine de commandement nationales.
Même si un soutien français à l'opération européenne n'est pas exceptionnel, ce n'est plus aussi régulier qu'en 2010 lors des temps critiques de la lutte anti-piraterie (1).
Un destroyer britannique dans la zone
Le gouvernement britannique a décidé de déployer le destroyer HMS Diamond (D34) dans la zone. Parti de Plymouth, fin novembre, il est venu ainsi rejoindre (et relayer) le HMS Lancaster, déployé dans la région l'année dernière pour sécuriser le golfe, et trois chasseurs de mines (le HMS Bangor, le HMS Chiddingfold le HMS Middleton et le navire de soutien auxiliaire de la Royal Fleet RFA Cardigan Bay). Navires déployés dans le cadre de l'opération permanente Kipion et sous le commandement de la composante maritime britannique (UKMCC) à Bahreïn.
Objectif : « renforcer les patrouilles de la Royal Navy » dans la région et « maintenir ouvertes les routes commerciales critiques » comme l'a expliqué le ministre Grant Shapps dans un communiqué. « Il est essentiel que le Royaume-Uni renforce sa présence dans la région, pour protéger la Grande-Bretagne et nos intérêts d’un monde plus instable et plus contesté. »
Les Allemands se tâtent
Les États-Unis ont demandé à la marine allemande si elle serait en mesure de fournir un soutien en mer Rouge. Mais la réponse à Berlin reste pour l'instant très floue, comme l'a noté notre collègue Thomas Wiegold de Augengeradeaus. Interrogé par la presse, vendredi soir (15 décembre), en marge d'une visite à la base aérienne de Wunstorf, le ministre de la Défense Boris Pistorius a été elliptique : « Nous étudions actuellement la demande et les options disponibles. Mais nous ne sommes pas encore au bout », a-t-il répondu à l'agence de presse DPA.
Les attaques continuent
Les attaques via drone ou missile, ou les sommations faites aux navires circulant dans la zone de se détourner de leur route pour aller dans un port yéménite, sont désormais quotidiennes.
Ce lundi (18 décembre), un tanker norvégien — apparemment le MT Swan Atlantic qui faisait route de France vers La Réunion selon son propriétaire— a été l'objet d'une approche agressive par trois petits bateaux avec du personnel armé à bord à 63 nautiques au nord-ouest de Djibouti. Attaque déjouée par un navire de la coalition maritime allié (américain), qui se trouvait à proximité. Un autre navire — apparemment le MSC Clara, un porte-containers battant pavillon panaméen — a aussi l'objet d'une attaque à 24 nautiques au nord-ouest du port yéménite de Mokha, signalant une explosion forte étant survenu à babord. Sans dégât au bateau ni aux hommes. Les Houthis ont revendiqué l'attaque sur ces deux navires.
Vendredi (15 décembre), le porte-conteneurs allemand Al Jasrah de la compagnie Hapag-Lloyd est touché par un missile. Un incendie se déclare à bord. Un coup de semonce en Allemagne au point que les armateurs comme certains responsables politiques demandent à l'Allemagne de s'engager dans la zone avec des navires. Le même jour, le destroyer britannique HMS Diamond abat un drone d'attaque présumé ciblant un navir dans la mer Rouge, détruisant la cible avec un missile Sea Viper (alias Aster), confirme la défense britannique.
La veille, jeudi (14 décembre), le porte containers danois MV Maersk Gibraltar (de la compagnie AP Moller-Maersk), qui navigue sous pavillon de Hong Kong, parti de Jebel Ali (Émirats arabes unis) vers Djeddah (Arabie Saoudite), est visé par un missile en mer Rouge. Le même jour, le porte-conteneurs MSC Palatium 3, naviguant sous pavillon libérien, est aussi touché par un missile, près du port yéménite de Mokha. Tandis qu'un autre navire de la compagnie, le MSC Alanya qui avait aussi pour destination Djeddah, est sommé par les Houthis de changer de cap.
Mercredi (13 décembre), c'était un chimiquier battant pavillon des Iles Marshall, le MV Ardmore Encounter (de la compagnie Ardmore shipping), qui avait subi une attaque combinée humaine et de missile. Les forces yéménites ont « d'abord tenté d'aborder le pétrolier via des skiffs. Cette tentative n’ayant pas abouti, deux missiles ont été tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis sur le navire. Elles ont tous deux manqué leur cible » raconte la marine US qui est intervenu. Enfin, alors qu'il répondait à l'appel de détresse, l'USS Mason (DDG 87) a « abattu un drone également lancé depuis les zones contrôlées par les Houthis Û qui se dirigeait vers le navire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : [Actualité] La menace Houthis en mer Rouge continue. Un pétrolier norvégien atteint par un missile
Mis à jour : précisions sur les attaques du 18 décembre et du 13 décembre
(B2) Un navire battant pavillon maltais a été capturé par les pirates en plein Océan indien jeudi (14 décembre). Il a rejoint la côte somalienne suivi à la trace par la frégate espagnole de l'opération européenne Atalanta.
Le Centre d'opérations conjoint de la force navale de l'Union européenne (EUNAVFOR) a reçu jeudi (14 décembre) une alerte sur le détournement possible du MV Ruen, un cargo battant pavillon maltais et géré par une compagnie bulgare. L'incident s'est produit en plein Océan indien, à environ 500 Nautiques à l'Est de l'île de Socotra. Parti de Gwangyang (Corée du Sud) avec une cargaison de métaux, avec pour destination Gemlik en Turquie, il a été capturé, comme l'a confirmé son capitaine aux forces maritimes.
La frégate espagnole Victoria, a reçu l'ordre de mettre les moteurs et « se rapprocher le plus vite possible » du navire marchand. Objectif affiché : « recueillir davantage d'informations » et « évaluer d'autres actions ». Les forces maritimes combinées de la CTF sont également averties.
L'officier de sécurité de la compagnie affirme n'avoir plus de contact avec l'équipage. Le navire aurait mis le cap sur Bossaso en Somalie, dont il se trouve à environ 680 nautiques, selon les dernières indications.
Le 15 janvier, dès les premières heures, un avion de patrouille maritime indien a repéré le navire marchand, et réussi à établir des communications radio avec l'équipage. Les 18 membres de l'équipage se portaient alors bien, enfermés dans la citadelle. Mais, quelques heures plus tard, la situation a totalement changé. Les pirates avaient réussi à s'introduire dans la citadelle et fait prisonnier l'équipage.
Le 16 janvier, aux premières heures du 16, un navire de la marine japonaise, le destroyer Akebono (DE-201), sous le commandement des forces maritimes combinées (Combined Task Force 151), et le navire de la marine indienne, le destroyer INS Kochi (D64), sont arrivés à proximité du navire détourné, rejoignant le Victoria. Des échanges continus d’informations ont eu lieu entre les navires ^résents.
Au petit matin du 18 janvier, un membre de l'équipage du bateau piraté a dû être évacué vers l'INS Kochi, pour y être soigné. L'équipe médicale de la frégate espagnole restant « en soutien, disponible, si nécessaire » précise le QG d'Atalanta à Rota.
Mardi (19 décembre), selon les dernières informations, le MV Ruen se trouvait entre Eyl et la péninsule de Xaafun (Somalie). La frégate espagnole a pu le suivre en permanence, même à l'intérieur des eaux territoriales somaliennes, grâce à « une autorisation ad hoc accordée par le gouvernement fédéral somalien ». Dans l'après-midi, il a quitté la zone pour des raisons logistiques, dans l'après-midi.
(Nicolas Gros-Verheyde)
V2 - mis à jour avec les informations de suivi entre le 15 et 19 janvier
« J‘ai deux amours, Rosa et Luxemburg » fredonne Paco, en marcel blanc, et tout de même petites lunettes d'intello. Ancien métallo, viré de « la Répa », la réparation navale de Marseille. Paco, c'est Gérard Giovannangeli dans la vie : entre morceaux de sa propre existence et fiction, il invente un double, un proche. Quand il s'assied dans le salon d'un appartement de la rue Blanqui pour jouer sa pièce, il captive avec son accent marseillais et ses expressions d'ici, placés juste.
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