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Défense

[Brève] Attaque d’un bateau de pêche au large de Freetown

Bruxelles2 - Fri, 08/18/2023 - 10:55

(B2) Un navire de pêche chinois a été attaqué par 13 hommes armés le 22 juillet à 10h55 UTC au large de Freetown au Sierra Leone. Après une intervention des garde-côtes libérians, l'équipage a été libéré 36 heures après le 24 juillet.

Le FV Shenghai2 amarré au Port de Bushrod (photo : MOD Liberia

L'alerte générale est donnée le 23 juillet 2023, vers 8 heures, par le Centre d'opérations maritimes conjointes de la marine de la Sierra Leone. Deux navires de pêche, le FV Aliman et FV Shenghai-2 ont été attaqués par des pirates à 20 nautiques au large du port de Freetown au Sierra Leone (à 8° 36' nord et 13° 3° ' Ouest), signale le message. Les pirates se sont emparés d'un des deux navires : le FV Shenghai2, avec à leur bord 23 membres d'équipage (6 Chinois et 13 Sierra-Leonais).

« Dès réception de l'information, le centre d'opérations maritimes des garde-côtes libériens entame une surveillance et une coordination continues avec les marines de la Sierra Leone et de la Côte d'Ivoire » indique le QG des forces armées du Liberia qui coordonne l'opération. L'opération en mer mobilise deux navires des garde-côtes et onze marins.

Plusieurs heures de filature

« Après environ 12 heures de recherche, l'équipe d'opérations spéciales des garde-côtes libériens localise le navire suspect à une distance proche des frontières maritimes internationales entre le Libéria et la Sierra Leone » indique le communiqué des forces armées du Libéria. « Le navire est suivi jusqu'à ce qu'il atteigne la zone générale de Monrovia à environ 9 milles marins au large de la communauté de King Grey, RobertsField Highway ». Pour « des raisons tactiques » le contact physique des garde-côtes avec le navire ne se produit qu'en pleine nuite à 0 heures le 23 juillet 2023 à la position 06o 07' Nord, 010o 47' Ouest.

Intervention musclée

Les garde-côtes libériens abordent et sécurisent tout d'abord le pont inférieur du navire. Les pirates ripostent par des tirs. Après cet échange, trois pirates prennent le large à bord un bateau de sauvetage, un premier pirate est alors capturé et deux membres d'équipage secourus. Après quelques heures de négociation, les garde-côtes reprennent l'assaut sur le pont supérieur, arrêtent un deuxième pirate et libèrent les 21 membres d'équipage restants. Le reste des pirates s'est envolé. Le navire est sécurisé et ramené sur la base des garde-côtes libériens sur l'île de Bushrod. Trois fusils d'assaut et une Winchester sont saisies.

(Nicolas Gros-Verheyde)

 

Lire aussi :

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En Équateur, un scrutin pour sortir du chaos institutionnel

Défense en ligne - Wed, 08/09/2023 - 16:50

Confronté à une profonde crise politique et à une popularité en chute libre, le président équatorien Guillermo Lasso a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale le 17 mai 2023. La Constitution équatorienne autorise le président à dissoudre le parlement une fois au cours de son mandat. Elle précise que les nouveaux scrutins présidentiel et législatif doivent se tenir dans les six mois. Les autorités électorales ont donc décidé que des élections générales se tiendraient le 20 août. M. Lasso a pris ses (...)

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[Commentaire] Niger : une opération moins complexe qu’au Soudan et en Afghanistan. Les raisons

Bruxelles2 - Wed, 08/02/2023 - 12:05

(B2) L'opération d'évacuation des citoyens français et européens est facilitée par plusieurs facteurs structurels et conjoncturels. Cinq éléments peuvent l'expliquer.

Enregistrement des évacués par la gendarmerie prévotale des armées à l'aéroport de Niamey (Photo : EMA COM)

L’opération d’évacuation des ressortissants français et européens du Niger apparait incontestablement moins difficile qu'en Afghanistan à l'été 2021 (lire : Comment se déroule l’évacuation de Kaboul ? Une des opérations les plus complexes de l’histoire récente) ou au Soudan en avril dernier (Sagittaire, Eva Sierra… ! Plusieurs rotations assurées par les Européens).

Premièrement, elle intervient dans un contexte finalement assez pacifié, malgré des tensions politiques réelles entre la junte militaire et la France et quelques échauffourées. Il n'y a pas de combat de rue (comme au Soudan) ou de guerre aux portes de l'aéroport (comme en Afghanistan). Il y a peu de risques d'attentat ou de tir contre un avion.

Deuxièmement, les Européens (Français et Italiens notamment) ont un point d'appui militaire sur place, directement sur l'aéroport. La partie militaire de l'aéroport — la base aérienne projetée 101 pour la force française — jouxte en effet l'aéroport civil Diori Hamani. Ce qui évite d'acheminer sur place des forces en nombre, notamment pour assurer la protection des avions ou des personnels ou tout simplement enregistrer les demandeurs d'évacuation.

Troisièmement, l'aéroport de Niamey est fonctionnel et équipé pour accueillir les passagers. Ce qui change de l'aspect sommaire de la base militaire choisie au Soudan pour l'évacuation.

Quatrièmement, le nombre de citoyens à évacuer est assez réduit — moins de 1000 personnes toutes nationalités confondues —, grâce aussi à la période (certains expatriés étant hors du pays pour les vacances).

Enfin, un seul pays assure la coordination de l'évacuation : la France qui joue le rôle d'entrée en premier. La plupart des pays, se reposant sur ce dispositif, n'ont pas envoyé d'avions sur place. Cela peut paraitre un détail. Mais cela limite à la fois le ballet des avions et finalement facilite la gestion des évacuations.

Il faut préciser également que la répétition en deux ans de plusieurs opérations d'évacuation combinées entre les Européens — Afghanistan août 2021, Ukraine février 2022, Soudan avril 2023 — a aussi un effet d'entraînement non négligeable. Le dispositif de coordination entre les Européens est rôdé par les crises.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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La fin de « l'armée d'Afrique » ?

Défense en ligne - Wed, 08/02/2023 - 11:25

Le putsch militaire au Niger — troisième du genre au Sahel ces dernières années — est un nouveau revers pour la France en Afrique de l'ouest, sa zone de prédilection. Et surtout pour ses forces militaires, restées présentes sur le continent plus de soixante ans après la vague des indépendances, et de moins en moins supportées par les populations et les classes politiques locales. Depuis la défection du Mali, puis du Burkina Faso, le Niger était — avec le Tchad, également gouverné par un régime de type (...)

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[Actualité] L’opération d’évacuation des ressortissants français et européens du Niger. Sans heurt. Dernier bilan (v5)

Bruxelles2 - Tue, 08/01/2023 - 18:20

(B2) Déclenchée dans la nuit de lundi (31 juillet), l'opération d'évacuation a débuté. Menée essentiellement par la France, avec l'Italie. Au profit des autres ressortissants européens présents sur place.

Avions A330 et MRTT sur la base d'Istres (Marseille) (Photo : BA25 / DICOD)

Objectif : « faciliter le départ des ressortissants qui souhaitent quitter le Niger ». Si les Français sont concernés en priorité, tous les Européens qui le souhaitent pourront aussi être évacués par les moyens français. Les Allemands (moins de 100), Belges et Néerlandais (environ 25) devraient notamment être évacués par cette voie.

Des avions blancs et gris uniquement

Deux avions de type A330 — l'un en version passagers, l'autre en version MRTT — se sont déjà posés sur l'aéroport civil de Niamey : le premier dès 2h30 du matin dans la nuit de lundi à mardi. Un autre avion est en route. Trois avions partis du « Sud de la France » a indiqué l'état-major des armées (NB : de la base aérienne 25 d'Istres normalement).

L'opération s'est effectuée avec l'accord des autorités en place, c'est-à-dire essentiellement les militaires auteurs du coup d'État. « Des contacts ont été pris avec les forces nigériennes et les Nigériens responsables de l'aéroport » précise-t-on à Paris.

À bord, les équipages des aéronefs uniquement. Les militaires français présents sur place — sur la partie militaire de l'aéroport — servent d'appui et de coordination. Mais les ressortissants doivent « rejoindre l'aéroport par leurs propres moyens ».

NB : un dispositif « léger » qui contraste à dessein avec celui utilisé pour l'évacuation du Soudan. L'objectif est en effet de procéder en douceur pour éviter tout ce qui pourrait apparaitre comme une provocation. Sont donc bannis (pour l'instant) les avions kakis de transport stratégique (A400M) ou tactique (C130J). Les militaires n'iront donc pas non plus récupérer en ville les ressortissants.

L'attaque contre l'ambassade fait déclencheur

Ce sont en bonne partie les évènements de dimanche (30 juillet) avec les manifestations violentes et l'attaque contre l'ambassade de France, ainsi que la fermeture de l'espace aérien, qui ont changé le mot d'ordre à Paris, faisant pencher pour une évacuation rapide des ressortissants.

Le durcissement du ton entre la junte au pouvoir à Niamey d'un côté, la CEDEAO et les Européens de l'autre, comme les arrestations de plusieurs responsables du gouvernement légitime nigérien n'ont fait que confirmer cette option. Opération annoncée par la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna et un communiqué du Quai d'orsay mardi 1er août.

Un mot d'ordre européen

Un mot d'ordre concerté et suivi au niveau européen. Plusieurs capitales (Berlin, Madrid, Rome, Bruxelles, La Haye, Vienne) ont ainsi conseillé à leurs ressortissants de partir sans tarder.

Déclenchée dans la nuit de dimanche à lundi (31 juillet), l'opération française s'est montée à partir du dispositif présent en Afrique. Elle est notamment coordonnée depuis les éléments français déployés au Tchad qui assurent le commandement régional.

Des moyens italiens sont prévus. Le gouvernement italien a « offert à ses concitoyens présents à Niamey la possibilité de quitter la ville par un vol spécial vers l'Italie » a confirmé le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani sur Twitter.

Pas d'évacuation des militaires, pour l'instant

L'évacuation des 1500 militaires français présents dans le pays — notamment à Niamey et dans la zone des trois frontières (avec le Mali et le Burkina) n'est cependant « pas prévue pour l'instant » indique l'état-major des armées françaises. En revanche, toutes les opérations de partenariat sont « suspendues ». Ce, « en attendant le retour de l'ordre constitutionnel ». Elles « s'inscrivent [en effet] dans un accord avec les autorités légitimes »

(mis à jour)

Premiers rapatriés à Paris et Rome

Deux premiers vols ont déjà atterri à Roissy Charles de Gaulle (Paris) dans la nuit de mardi (1er août), permettant l'évacuation de 350 Français et des ressortissants d'une dizaine de nationalités (Autriche, Belgique, Canada, USA, Portugal, Éthiopie, Inde, Liban, Niger) annonce le quai d'Orsay, mercredi matin. Deux autres vols ont eu lieu mercredi (2 août). Un cinquième et dernier vol a eu lieu jeudi (3 août), portant le total d'évacués à 1079 personnes : 577 ressortissants français et et près de 500 ressortissants étrangers de 50 nationalités différentes. Un des vols a été médicalisé par des médecins de la sécurité civile afin de prendre en charge des cas médicaux.

Des Européens de quasiment toute l'Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Portugal, Suède, Pays-Bas, Espagne, Finlande, Roumanie, Danemark, Luxembourg, Pologne, Slovaquie, Suisse, Géorgie, Royaume-Uni) ont ainsi pu regagner le continent. Des ressortissants d'Afrique (Bénin, Sénégal, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali, Nigéria, Tchad, Congo, Ethiopie, Botswana, Cameroun, Cap-Vert, Gabon, Côte d’Ivoire, Maroc, Mauritanie, Togo, Tunisie), d'Amérique (États-Unis, Canada, Brésil, Colombie, Bahamas), d’Asie (Inde, Japon, Vietnam, Corée du Sud), d’Océanie (Australie) et du Moyen-Orient (Liban, Turquie, Turquie) ont également été évacués.

Côté italien, un Boeing 767 de l'Aeronautica militare a atterri à Rome, mercredi (2 août) matin, avec à son bord 87 personnes : 36 Italiens (dont l'ambassadrice italienne à Niamey), 21 Américains (dont 14 religieux), 4 Bulgares, 2 Autrichiens, 1 Hongrois, 1 Nigérian, 1 Nigérien et 1 Sénégalais selon l'agence Ansa.

Des personnels européens ont également été rapatriés. L'évacuation s'est déroulée sans heurt pour l'instant (lire aussi : [Commentaire] Une opération moins complexe qu'au Soudan et en Afghanistan).

Une évacuation soutenue par le mécanisme de protection civile de l'UE. Celui-ci financera ainsi 75 % des coûts de transport de la France qui a demandé l'activation du mécanisme.

Une « coopération simple et pragmatique en temps de crise, qui montre ce que l’Europe peut faire ensemble » a commenté la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock remerciant son homologue française C. Colonna.

Mit Hilfe unserer französischen Freunde konnten wir bereits über 40 Deutsche aus #Niger ausfliegen. Vielen Dank, @MinColonna, für diese unkomplizierte & pragmatische Zusammenarbeit in Krisenzeiten, die zeigt, was Europa gemeinsam leisten kann. 1/2

— Außenministerin Annalena Baerbock (@ABaerbock) August 2, 2023

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour - Précisions pour l'évacuation des Italiens et Néerlandais - Premier bilan des rapatriés (2.8 matin) - Galerie photos - soutien européen (2.8 midi) - deuxième bilan et bilan définitif (3.8)

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Portrait d'une actrice en photographe

Défense en ligne - Mon, 07/31/2023 - 16:48

C'est au palazzo Poli — en face de la fontaine de Trevi — que la ville de Rome a décidé de rendre hommage à Gina Lollobridgida, décédée en janvier de cette année à 95 ans. Intitulée I mondi di Gina, l'évènement retrace sa carrière et fait écho à une autre exposition qui lui fut consacrée en 1980 au musée Carnavalet, à Paris, dédiée non pas au cinéma, mais à la passion qu'elle entretenait pour un autre art. « Pourquoi une actrice, une star en l'occurrence, ne serait-elle pas une bonne photographe ? » se demandait (...)

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De la république policière à la république fasciste ?

Défense en ligne - Wed, 07/26/2023 - 18:53

De responsabilité spéciale, la police, entièrement adonnée à ses pulsions violentes, ne veut plus entendre parler — « nous avons les armes, nous nous en servons, fin de la discussion ». Et ceci maintenant — c'est bien la nouveauté effrayante — jusqu'au sommet de la hiérarchie. Ministre compris.

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[Analyse] La nomination ratée de Scott-Morton. Le dernier raté de Vestager

Bruxelles2 - Tue, 07/25/2023 - 11:34

(B2) La nomination d'une Américaine comme chief economist était un mauvais coup fait à l'Europe. Et un non sens politique et juridique. A plusieurs titres. Sa démission était inéluctable.

La nomination annoncée de l'Américaine Fiona Scott-Morton au poste de Chief Economist de la DG Concurrence, approuvée par la Commission européenne le 11 juillet a suscité des émois, surtout en France, mais aussi plus discrètement dans d'autres pays. À juste titre.

Une nomination pas très heureuse

Un super-CV mais trois handicaps

Fiona Scott-Morton avait certes un CV long comme le bras, comme le vante la Commission européenne. Mais elle avait surtout trois gros handicaps : 1. elle était Américaine, 2. elle devait obtenir une habilitation de sécurité nationale, 3. elle avait travaillé dans un cabinet de consultance et notamment pour des clients puissants, tels Amazon ou Apple, qui ne respectent pas vraiment les règles européennes.

Nomination contestée, contestable

Cette nomination reposait sur des bases en fait très fragiles. Beaucoup plus fragiles que voulait bien se l'avouer la commissaire. Elle laissait planer une épée de Damoclès sur les différentes procédures de concurrence enclenchées par l'exécutif européen : amendes, autorisation ou refus de fusion, autorisation ou refus d'aide d'État, etc. N'importe quel acteur de ces procédures (entreprises ou Etats) aurait pu la contester. Tant elle était extraordinaire du droit commun et de la pratique de recrutement des hauts fonctionnaires européens (point 1). Ensuite, quoi qu'en dise la Commission européenne, ce poste de « conseil » est éminemment stratégique (point 2). Enfin l'habilitation de sécurité était bien requise. Point également minoré par la commissaire (point 3).

Démission inéluctable

La démission rendue publique au petit matin du 19 juillet, juste au lendemain de l'audition par la commissaire Vestager au Parlement européen, était donc inéluctable.

 

Une sacrée fausse note pour Vestager

Pour Margrethe Vestager, qui s'apprête à quitter la Commission européenne, c'est un sérieux désaveu.  La Danoise part en effet en congé sans solde en août pour faire campagne afin d'être nommée présidente de la Banque européenne d'investissement (BEI). Elle termine ainsi son parcours européen sur une grosse fausse note. Celle qui était promise pourtant à un brillant avenir européen — on la voyait même présider la Commission européenne ou, à défaut, y tenir un rôle de premier plan, dans l'ombre de Ursula von der Leyen — , achève ainsi sans fanfare un bilan européen qui aurait pu être plus glorieux.

1° Un non-Européen recruté comme haut fonctionnaire. Pratique normale, courante, légale ?

Cet élément a été largement minoré par la Commission européenne. La commissaire Margaret Vestager n'a eu de cesse de justifier, notamment lors de son audition par les parlementaires européens le 18 juillet devant la commission ECON (Économie et finances), que c'était le bon choix en laissant de côté de qui constitue la réalité juridique et l'esprit de la politique de concurrence européenne. Le service du porte-parole a « inventé » des cas similaires qui ne peuvent être comparés.

Pas assez de "bons candidats" Européens ?

Lors de son audition devant les parlementaires, en commission Économie et Finances (ECON) du Parlement européen, mardi (18 juillet), Margaret Vestager n'a eu de cesse de défendre ce choix de recourir à une extra-européenne... par le manque de candidats. Il n'y avait que 11 personnes qui répondaient à l'avis de recrutement publié en mars. 4 ont été retenus dans la short list. Et deux candidats sélectionnés dans l'épreuve finale : un Européen et l'Américaine a précisé la commissaire européenne. C'est cette dernière qui a été retenu. Sur la base de ses compétences... C'était « le meilleur choix parmi tous les candidats, tant du point de vue de ses qualifications que de sa performance au cours de la procédure de recrutement ».

Un non-sens politique, économique et juridique

Recruter une non-national à un poste de direction aussi important est plutôt extraordinaire. Il est contraire à toute règle de recrutement de la fonction publique européenne. De plus d'ordinaire, si vraiment les candidatures sont faibles, la règle est de relancer un nouvel appel à candidatures. Ce qui ne semble pas être le cas en l'occurrence. Il y a donc eu volonté de contournement des règles européennes. Le recrutement d'un non-Européen n'était pas une conséquence inattendue mais bel et bien l'objectif. Une faille politique qui pouvait devenir juridique dans les mains d'un bon avocat de droit de la concurrence...

Une grosse première !

Ce recrutement d'un extérieur à l'Union européenne est plutôt inattendu et une grosse première. Jamais à ma connaissance un Américain n'a occupé un tel poste de premier plan.

Le seul cas en mémoire est celui occupé dans la mission extérieure de la PSDC EULEX Kosovo, où un Américain (un shériff) occupait le poste d'enquêteur en chef. Mais cette présence se situait dans un contexte très particulier. Tout d'abord, la politique extérieure commune n'est pas une compétence communautaire exclusive. Régulièrement des extra-nationaux sont ainsi recrutés, soit pour pallier une lacune technique (hélicoptères russes au Tchad), soit dans un contexte d'ouverture politique nécessaire. Ensuite, la stabilisation du Kosovo a été cogérée de fait par les Européens et les Américains. Il y avait donc une logique à intégrer des Américains à cette mission (comme il est logique que des Norvégiens soient intégrés à la mission européen en Palestine, accord d'Oslo oblige).

D'autres non nationaux ont été recrutés, mais dans des postes de moindre importance. On se souvient d'un Norvégien qui figurait dans l'équipe du cabinet de Michel Barnier par exemple. Mais celle-ci était justifié par l'intégration de la Norvège au marché intérieur.

Cette logique n'est pas du tout présente dans la politique de concurrence où la Commission européenne a une compétence exclusive, peut infliger des amendes et interdictions et où peuvent interférer des positions contraires entre USA et UE.

Un singulier aveu de faiblesse

N'avoir aucun économiste, aucun expert qui veuille venir occuper un poste de premier plan (très) bien payé (pas moins de 20.000 euros par mois). Ce durant un CDD de trois ans (renouvelable une fois pour deux ans) ! C'est plutôt étonnant. Soit il y a une grosse faiblesse d'attractivité de la fonction publique européenne. Et cela doit interpeller au plus profond de l'esprit européen. Soit il y a un gros déficit de spécialistes de la concurrence communautaire et de l'économiste. Ce qui est tout aussi interpellant, vu le nombre d'universités, de facultés qui travaillent sur ces questions.

Une volonté politique de recruter hors d'Europe

En fait, le recrutement d'un extra-Européen semblait en partie joué d'avance. Comme me l'a expliqué un des porte-paroles de la Commission européenne, il avait été décidé d'ouvrir « au plus grand nombre de candidats possibles », compte tenu « des connaissances très spécifiques et de l'expertise académique requises pour cette fonction particulière ». Recruter un tel profil « montre que le Commission cherche avant tout à fonder ses politiques et décision sur la meilleure expertise possible. C’est un signal de compétence et d’ouverture à entendre les arguments de fond » explique-t-il. On se trouve ici loin des critères d'excellence.

2° Un poste de simple conseil ou de premier plan ?

Le poste de Chief economist n'est pas un simple poste de conseiller ou de chercheur prospectif. C'est un poste de directeur, à la tête d'une équipe de conseillers économistes, avec une tâche éminemment stratégique, contrairement à ce que veut bien voulu dire la commissaire Margrethe Vestager.

Ce poste a été créé dans le début des années 2000, après une série d'arrêts des tribunaux européens négatifs pour l'autorité de régulation européenne. Les juges avaient annulé coup sur coup deux décisions d'interdiction de fusion l'une entre Schneider et Legrand le 22 octobre, l'autre entre Tetra Pak et Sidel (lire : Affaire Tetra-Pak. Le tribunal sème le trouble à la Commission européenne). Un vrai coup de tonnerre dans le monde feutré de la régulation de la concurrence à Bruxelles.

Parmi les reproches faits par les juges, la faiblesse de l'analyse économique des décisions de la Commission. Ce qui avait convaincu (entre autres), le commissaire de la concurrence de l'époque, l'Italien Mario Monti de proposer dans une vaste réforme des fusions-concentrations.

La création du poste de Chief Economist est un élément majeur de la réforme. « Il est clair qu'il est nécessaire d'améliorer les capacités économiques de la direction générale de la concurrence » indique l'Italien dans un discours prononcé en novembre 2002.

Mario Monti définit précisément ce poste, qui a une vocation très large, très politique et bien loin de la fonction d'un simple conseiller. Le rôle de l'économiste en chef « ne se limitera pas à sa participation au contrôle des concentrations, mais s'étendra également à l'application du droit de la concurrence en général, y compris le contrôle des aides d'État. »

Le profil recruté doit être à la hauteur de la tâche. « Il doit s'agir d'un éminent économiste, détaché temporairement auprès de la Commission, garantissant ainsi que le titulaire de ce poste est quelqu'un ayant une très bonne connaissance de l'économie industrielle. Il sera directement rattaché au directeur général. »

Une nomination qui doit s'accompagner du recrutement d'économistes industriels au sein de la DG (qui était davantage peuplée de juristes ou spécialistes administratifs). Une « priorité ». De même il affiche la volonté de « faire davantage appel à des expertises économiques extérieures ». « En particulier, j'envisage que nous commanderons plus fréquemment nos propres études économétriques indépendantes. » Un propos qui montre combien le poste de chief economist était dans la lettre et dans l'esprit de la Commission européenne réservé à un Européen.

3° Un problème de sécurité nationale

Contrairement à ce qu'a affirmé la commissaire, la nouvelle nommée aurait dû avoir une habilitation de sécurité. L'avis publié pour le recrutement en témoigne.

Or cette habilitation ne peut être fournie normalement que par l'autorité nationale (en l'occurrence les USA).

Ce qui posait un sacré problème. D'une part, il fallait que les USA la délivrent. D'autre part, les autorités européennes n'auraient eu aucun contrôle sur la nature et la fiabilité de cette habilitation.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Où bruisse le monde

Défense en ligne - Fri, 07/21/2023 - 10:41

Orchestrée par Tiago Rodrigues, la 77ème édition du festival d'Avignon a mis à l'honneur les créations en langue anglaise et s'est intéressée de près aux analyses féministes et post-coloniales, avec des œuvres et des formes inédites (Bintou Dembélé, Carolina Bianchi et Cara de Cavalo, Rébecca Chaillon...). En précurseur incontournable, James Baldwin y figurait donc en bonne place avec la proposition de la compagnie américaine Elevator Repair Service dans la mise en scène de John Collins, Baldwin and Buckley (...)

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Le cran des Tunisiennes

Défense en ligne - Mon, 07/17/2023 - 18:25

Petit pays, à l'honneur au dernier festival du film de La Rochelle (FEMA), la Tunisie compte en revanche un nombre important de cinéastes, notamment des femmes, auxquelles le FEMA a rendu hommage cette année. Le départ forcé du tout-puissant Zine el-Abidine Ben Ali (2011) a provoqué « une explosion culturelle, une forte envie de parler de tout, après tant d'années d'oppression », selon Henda Haouala, maîtresse de conférences à l'Université de Tunis . Une oppression qui prenait le nom de censure côté (...)

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En Colombie, « l'heure est venue de gouverner, pour de vrai »

Défense en ligne - Thu, 07/06/2023 - 18:30

La Colombie a un problème. Non pas toute la Colombie, mais ses élites. Le premier président de gauche du pays, M. Gustavo Petro, en fonction depuis le 7 août 2022, entend en effet « mettre en œuvre le programme de gouvernement pour lequel le peuple a voté »…

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Good business is the best art… comme disait Andy Warhol

Défense en ligne - Sun, 07/02/2023 - 05:11

Qui saurait se passer des tableaux de Jean-Michel Basquiat ? Pas la fondation Vuitton… En 2018-2019, l'institution arrimée en lisière du Jardin d'acclimatation juxtaposait Basquiat et Egon Schiele, tous deux considérés comme des génies précoces et rebelles, révoltés contre leur époque. Quatre ans après ce show qui lui était dédié, Basquiat, cheveux en pétard, gants de boxe et short en satin, est de retour avec l'exposition « Basquiat × Warhol, à quatre mains », qui s'y tient jusqu'au 28 août.

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Maquisards de l'image

Défense en ligne - Fri, 06/30/2023 - 19:21

Sur la Nasser Road, à Kampala, les posters-calendriers qui mettent en scène « le héros Saddam » ou les présidents russe et ukrainien grimés en super-guerriers se négocient pour quelques dizaines de centimes ; de Nouakchott à Lagos, les derniers studiotistes subissent la concurrence numérique des photographes ambulants. Deux livres explorent ces troubles dans l'image africaine.

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[Réflexions] Coup de force raté de Wagner en Russie. Quelques éléments

Bruxelles2 - Mon, 06/26/2023 - 20:16

(B2) Chacun aura son analyse des évènements après le coup de force raté de Prigojine et du retrait piteux des mercenaires de Wagner sans combattre. Mais on peut poser quelques éléments de réflexion.

Tout d'abord, le système du pouvoir russe est dysfonctionnel. Depuis quelques mois déjà, le président russe Vladimir Poutine ne semble plus avoir toute la main pour imposer toute sa volonté et une discipline à ses alliés. La faiblesse de réaction de Moscou à l'annonce par les Alliés de l'OTAN de l'équipement en avions F-16 comme à la tenue d'un sommet européen en Moldavie à quelques km des premiers soldats russes présents en Transnistrie prouve une certaine atonie du pouvoir par rapport à sa virulence au début de l'offensive en février 2022. Mais le « système » n'a pas encore trouvé le remplaçant idoine. Et, malgré des atermoiements, l'ensemble des forces armées et de sécurité reste fidèle au pouvoir du Kremlin.

Ensuite, Evgueni Prigojine ne semble pas avoir agi tout seul et de façon « spontanée ». Il a sans doute bénéficié de certains soutiens, au sein même du pouvoir de la part de certains responsables politiques, voire de certains parties des services de sécurité. Mais il n'a pas reçu certainement ni le soutien promis ni les assurances souhaitées. De là à penser que certains au sein de l'appareil militaire russe l'ont laissé marcher seul vers Moscou pour mieux écraser celui qui a acquis trop de pouvoir, c'est une hypothèse qu'on ne peut écarter. L'armée régulière pourrait récupérer la main sur des paramilitaires de Wagner.

Enfin, l'hypothèse d'un effondrement de la Russie qu'aucun dirigeant ne voulait envisager jusqu'à présent est désormais clairement sur la table. En cas de défaite notable en Ukraine, ou d'enlisement mortifère (1), il n'est pas exclu que des militaires excédés de la faiblesse du régime ou de l'ampleur des pertes, alliés à des politiques, ne veuillent prendre le contrôle du pays ou ne dépêchent l'un des leurs pour le faire. Cette heure ne semble pas venue.

Du côté européen, cette heure est à la fois redoutée et espérée. Certains pays craignent un désordre nouveau, avec le risque d'une possible absence au pouvoir, fatal pour le contrôle de l'arme nucléaire (2). D'où une phraséologie sur la nécessité de ne pas « humilier » la Russie qui n'est plus présente officiellement mais reste bien dans toutes les têtes de Washington à Berlin. D'autres souhaitent un changement de régime en Russie et sa « neutralisation » seule à même de mettre fin à un cycle d'interventions militaires régulières dans le voisinage russe depuis une soixantaine d'années. Point de vue particulièrement présent chez les Balto-Polonais.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. C'est toute une classe d'âge qui est en train de faire les frais de l'offensive en Russie. Les pertes (morts et blessés graves) — environ une centaine de milliers d'hommes — privent non seulement l'armée russe d'une partie de son élite mais aussi la population russe d'une partie de sa classe d'âge active, à un moment où sa démographie est en berne.
  2. Arme nucléaire qui reste sous étroit contrôle du président russe, malgré certaines déclarations.

Cet article [Réflexions] Coup de force raté de Wagner en Russie. Quelques éléments est apparu en premier sur B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique.

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L’exceptionnelle histoire de Bob Denard et de ses « soldats perdus »

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Tue, 06/20/2023 - 10:00
LETTRE DES ARMEES. A partir d'archives inedites, un documentaire retrace la sulfureuse carriere du mercenaire mort en 2007. Un chapitre meconnu de l'histoire.
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Soldats-espions en première ligne

Défense en ligne - Fri, 06/09/2023 - 15:41

En ces temps d'offensives tous azimuts dans le conflit russo-ukrainien, les espions sont plus que jamais à la pointe… de la recherche d'informations « à fin d'action ». La difficulté, pour tous les services de ce genre, en France comme ailleurs, est de devoir affronter des « tsunamis de données ».

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Le retour de Peter Weiss

Défense en ligne - Wed, 06/07/2023 - 13:50

« L'esthétique de la résistance » est un roman-épopée en trois tomes de neuf cents pages. Peter Weiss, écrivain et dramaturge, avait consacré les dix dernières années de sa vie à cette œuvre totale, où il y entremêle à la fois des personnages fictifs et des figures ayant existé et traversé cette période historique clé de la montée des fascismes. Aurait-il pu imaginer que ce livre se déploie sur un plateau de théâtre ? Ce défi ambitieux et titanesque est relevé avec intelligence et éclat par Sylvain Creuzevault.

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Sécheresse : la crise des sources que personne n'a vu venir

Défense en ligne - Wed, 05/31/2023 - 10:33

Des dizaines de milliers de foyers français, dont l'habitation n'a jamais été reliée au réseau public d'eau potable, mais qui utilisaient une source située sur leur propriété ou à proximité, risquent de voir celle-ci se tarir avant l'été. Déjà nombre d'entre eux appellent leur mairie au secours. Dans le même temps, en application d'une directive européenne tout juste transcrite en droit français, les collectivités locales doivent désormais fournir de l'eau potable à ceux qui en sont privés. Une véritable bombe à (...)

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Vouloir perdre, vouloir gagner

Défense en ligne - Wed, 05/24/2023 - 14:41

Quand un pouvoir en est à redouter des casseroles, des bouts de papier rouges et des sifflets, c'est qu'il est au bord de tomber. Et pourtant il tient. Il tient parce que des institutions totalement vicieuses le lui permettent. Parce que toute moralité politique l'a abandonné. Parce qu'il est aux mains de forcenés qui n'ont plus aucune idée de limite. Il tient aussi parce que les conducteurs du mouvement – pour parler clair, l'Intersyndicale – n'ont pas eu le début du commencement d'une analyse de l'adversaire, et persistent dans une stratégie désormais avérée perdante.

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F-16, munitions… Le point sur les livraisons d’armes pour l’Ukraine

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Tue, 05/23/2023 - 13:30
INTERVIEW. Jean-Pierre Maulny, specialiste des questions de defense, recapitule les aides fournies par l'Europe et les Etats-Unis a Kiev.
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