Mohammed Ben Salman envolé, après ses soupers au Louvre et à l'Élysée, l'exécutif français daignera-t-il prendre en considération les arguments de ceux qui, depuis plusieurs années, dans le petit monde de la défense, des ONG ou du Parlement européen, s'inquiètent d'un usage dévoyé des armes françaises livrées à Riyad, qui se retrouvent sur les champs de tirs du Yémen ? Rien n'est moins sûr. Deux porte-parole viennent de donner le « la » : celui du gouvernement, Benjamin Griveaux, a considéré que les ventes (...)
- Défense en ligne / Arabie saoudite, France, Armée, Armes (ventes d'), Relations internationales, YémenBonne nouvelle pour ceux d'entre nous qui mettent en garde contre les dangers de « l'extractivisme des données » depuis des années : la méfiance envers Facebook est de plus en plus vive. Cette prise de conscience, aussi soudaine et brutale soit-elle, ne suffit pas. Facebook n'est que l'un des symptômes, non la cause de nos problèmes. Ainsi, au lieu de se demander s'il faudrait mettre Mark Zuckerberg au ban des chefs d'entreprise, tâchons de comprendre comment réorganiser l'économie numérique afin qu'elle bénéficie aux citoyens, et pas seulement à une poignée d'entreprises multimilliardaires qui considèrent leurs utilisateurs comme des consommateurs passifs, dénués d'aspirations politiques et économiques.
- Silicon circus / États-Unis, Information, Internet, Service public, Technologies de la communication, Technologie, DonnéesLa fragmentation des dates, des cortèges et des revendications sectorielles est un fléau. Si ces luttes n'aperçoivent pas qu'elles se fondent toutes dans une cause commune, et que leur réel objectif c'est cette cause commune, elles seront toutes défaites. Or c'est l'évidence : si la chose est plus abstraite qu'une grille ou un statut, c'est quand même bien d'une unique matrice que vient le poison qui dévaste tous les secteurs du travail.
- La pompe à phynance / France, Dette, Économie, État, Finance, Mouvement de contestation, Politique, Santé, Service public, Stratégie, TransportsVoici un petit ouvrage (150 pages) qui se lit très vite et met les points sur les i à propos d'un sujet qui ne cesse d'agiter les médias, celui des fake news.
Chacun sait bien que les faussaires, c'est l'autre. Voici au fond ce que montre l'auteur, pointant l'imprécision de la notion. Il remonte aux sources intellectuelles (l'influence de la French Theory et des déconstructeurs) de ce qui va bientôt être nommé "post-vérité".
Il rappelle que la rumeur a toujours existé, que les manipulations par les pouvoirs publics aussi, que tout le monde a cherché à instrumentaliser l'accès à "la vraie information" (on se souvient des discours communistes mais aussi des réponses américaines avec Radio Free Europe). Bref, il n'y a pas grand chose de nouveau sous le soleil.
Si, une : l'émergence des réseaux sociaux affaiblit durablement le monopole d'influence des grands médias. Ceux-ci réagissent en dénonçant ce complotisme populiste qui raconte "n'importe quoi".
Voici dès lors deux croyances opposées à la vérité, chacune considérant que l'autre ment ou se trompe.
D'un côté, ce qu'on appellera par défaut "les complotistes" se méfient des médias et croient qu'on leur raconte des fables et qu'on cherche à le manipuler. La fiole brandie par Colin Powell aux Nations-Unies reste dans toutes les mémoires. Et puisque le doute est permis, doutons de tout.
De l'autre côté, les médias (ou les élites, ou certaines élites) se gaussent de ces "complotistes" dont certains vont même jusqu'à douter que la terre est ronde. A ceci près qu'on n'a pas attendu les réseaux sociaux pour qu'il y ait des crédules. Mais au fond, là n'est pas le problème : il est dans el développement de réseaux alternatifs, mais aussi de manipulation (les trolls) de réseaux normaux, qui tous proposeraient des discours "faux".
Mensonge ou erreur ?
Peu importe, conclut l'auteur, qui renvoie dos à dos les certitudes et campe sur une déconstruction habile et amusée de tous ces discours de la peur, revenant au bon sens et à un doute méthodique qui a quand même donné de bons résultats. Autrement dit, on peut ne pas croire les théories complotistes autour du 11 septembre et en même temps, ne pas prendre au pied de la lettre tous les "décodages" orientés des professionnels dont l'objectivité reste à démontrer, malgré leur bonne conscience.
Cette position d'équilibre est saine et incite chaudement à recommander ce petit livre précieux.
François-Bernard Huyghe, Fake news, la grande peur, éditions VA Press, 2018.
Olivier Kempf