(B2) Les forces françaises de l’opération française Barkhane ont « neutralisé » dans l’après midi de jeudi (21 février) « un des principaux responsables de l’organisation terroriste dans la région de Tombouctou », Yahia Abou Hamman.
(crédit : DICOD / EMA – Oper Barkhane)
Trois véhicules suspects et un chef identifié
Selon le récit officiel, cette opération a été « déclenchée suite à la détection de trois véhicules au comportement suspect » progressant au nord de Tombouctou. Il a alors été « décidé de l’intercepter ». Plus exactement, selon un autre récit officiel, Yahia Abou Hamman, numéro deux du RVIM (Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans) et chef de l’Emirat de Tombouctou a été « identifié au sein d’un groupe de véhicules en progression au Nord de Tombouctou ». L’opération a été particulièrement complexe, combinant moyens motorisés terrestres et héliportés avec un drone Reaper en soutien.
Onze terroristes tués
Lors de l’approche des commandos, « les occupants des véhicules ont ouvert le feu avant d’être neutralisés par les hélicoptères en appui ». Au bilan : « onze terroristes mis hors de combat », dont Yahia Abou Hamman et ses deux principaux adjoints qui ont été tués. Des pick up et de l’armement ont également été saisis.
Un coup dur pour le groupe terroriste
« Cette action spectaculaire concrétise des années de recherche. C’est un coup très dur pour les groupes terroristes agissant au Sahel » a salué la ministre française des Armées Florence Parly dans un communiqué. « Le RVIM aura perdu trois de ses principaux chefs en l’espace d’une année. Tous étaient des adjoints proches de Iyad Ag Ghaly. La disparition d’un chef de premier plan permet de démanteler les réseaux et d’enrayer la dynamique du terrorisme dans la région. Sans chef, plus de direction ni de coordination : les combattants sont désemparés. »
Félicitations du CEMA
« Cette opération audacieuse allie un travail méthodique et persévérant avec une capacité d’intervenir efficacement dans des délais très réduits » précise le général François Lecointre, chef d’état-major des armées (CEMA). « Elle témoigne du haut niveau d’expertise acquis par les militaires français dans la conduite d’opérations complexes. »
(NGV)
(B2) Hatice Cengiz, la fiancée du journaliste Jamal Khashoggi, appelle les États membres à sortir de leur silence, jugé complice des autorités saoudiennes, et fustige les contradictions d’une institution sur la défense de ses valeurs
Hatice Cengiz lors du point presse avec Pier Antonio Panzeri, président de la sous-commission droits de l’Homme du Parlement européen (crédit photo : PE)
La fiancée de Jamal Khashoggi, torturé, démembré et tué dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie, le 2 octobre 2018, témoignait au Parlement européen. Invitée d’un débat sur les droits de l’homme dans la péninsule arabe, organisé par la sous commission droits de l’Homme (DROI), mardi 19 février 2019.
Des États pointés du doigt
Les mots de Hatice Cengiz sont écrits, directs. Un texte de dix longues minutes pendant lesquelles les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, les services diplomatiques seront plusieurs fois cités, pointés du doigt :
« Les pays de l’UE et leur chefs d’État n’ont pas réagi comme il le fallait à cet évènement ». « Les USA comme d’autres pays essayent avant tout de protéger leurs intérêts économiques et financiers, comme si de rien n’était ». Mais « cet évènement est d’une telle importance, qu’on ne peut le passer sous silence pour les seuls intérêts économiques et financiers. »
Un silence détonnant de l’Union européenne
« Tous ceux qui nous disaient qu’il y avait des normes et standards de l’UE auxquels il fallait se plier, aujourd’hui ces personnes ne disent rien ? » « Si nous nous taisons aujourd’hui, pensez-vous que nous pourrons demain parler de droits humains et de la suprématie du droit ? » interroge-t-elle à quelques jours du sommet UE-Ligue arabe, en Égypte les 24 et 25 février (lire : Union européenne et Ligue Arabe tentent d’avancer vers davantage de coopération).
« Si nous ne donnons pas la bonne réponse aujourd’hui, on n’aura pas assassiné seulement Jamal, mais le journalisme. Si on ne punit pas les assassins, aucun journaliste ne pourra exercer son métier de façon sûre ».
Quant au travail mené par la rapporteure spéciale des Nations-Unies (cf. encadré), « son rapport seul sera insuffisant » regrette Hatice Cengiz. C’est aux organes politiques, « au Parlement européen, au Conseil et aux pays de l’UE » d’agir maintenant « plus sérieusement »…
(Emmanuelle Stroesser)
L’ONU pointe la responsabilité de l’État saoudien
La rapporteur spéciale de l’ONU qui mène une enquête sur le meurtre du journaliste a rendu, le 7 février, les premiers résultats de ses recherches.
« Les preuves réunies au cours de ma mission en Turquie montrent clairement que J. Khashoggi a été victime d’un meurtre brutal et prémédité, planifié et perpétré par des responsables de l’État saoudien », indique Agnès Callamard selon le communiqué publié. Selon elle, « les efforts de la Turquie pour mener à bien de façon rapide, efficace, minutieuse, indépendante et impartiale des enquêtes transparentes – conformément au droit international – ont été sérieusement entravés et sapés par l’Arabie saoudite ».
NB : Son rapport final doit être présenté au Conseil des droits de l’homme en juin 2019.
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